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INTERVIEW

Interview du directeur de ARTUS, pour le retour des ours

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Univers-nature – Que pensez-vous du parc à ours qui est prévu dans les Pyrénées ?

Roland Guichard - Le parc à ours, au départ cela devait être un parc qui parlait de la réintroduction, qui était compatible et proche de la station de ski des Mourtis, et puis c’est devenu un parc gigantesque avec que de l’argent public, aucun argent privé, on peut donc se poser des questions sur la rigueur de la gestion de ce futur parc s’il n’est réalisé qu’avec de l’argent public. En plus, il est situé dans une zone qui nous semble problématique, puisque c’est une zone à ours, pour finir, les espèces présentées ( ours blanc, ours des cocotiers, etc.) on ne comprend vraiment rien !! L’ours des cocotiers n’a rien à faire à 200 m d’altitude dans les Pyrénées.
Nous, ce que l’on a vu passer dans les projets de Mr La Panouse, nous semble complètement aberrant. On ne comprend absolument pas un développement local de cette sorte, et à notre avis c’est une grossière erreur.

Univers-nature – Au niveau des Pyrénées occidentales, il y a eu dernièrement 2 naissances, les oursons se portent bien, la direction du parc national est donc enchantée, mais elle souhaiterait qu’il y ait 2 femelles de réintroduites pour renforcer la population des ours de la région. Est-ce qu’Artus serait chargé de cette opération, et quel est votre point de vue sur ce projet ?

Roland Guichard - Je ne pense pas, c’est le parc national qui se chargerait de la réintroduction.

Nous, notre inquiétude dans le Béarn, c’est de voir qu’il y a un gros problème d’aménagement du territoire. On a la vallée d’Aspe qui va être coupée en 2 par cette route nationale, et cela nous inquiète de voir un élu qui a promu ce gros aménagement, et qui est pour des petits aménagements (comme des pistes très dérangeantes pour l’ours), vouloir la réintroduction. Pour tout dire, on n’a pas confiance envers le président de l’institut patrimonial du Haut Béarn pour assurer la réintroduction de l’ours, et on se méfie de son discours puisque de tout temps il lui a été opposé. Dernièrement, en tant que président de l’institut, il a appelé à manifester contre les ours qui ont été réintroduits, quand des élus, comme Augustin Bonrepaux, député PS de l’Ariège, a appelé à faire une manifestation où ils étaient 300 à manifester à Foix. On comprend mal comment un élu qui veut réintroduire un animal, appelle à manifester contre des dégâts qui étaient relativement mineurs. Les 2 jeunes ours ont tué une soixantaine de moutons durant la période printemps-été; bien sûr c’est 60 de trop, mais on peut trouver des méthodes pour enrayer cette prédation.
Bref, on ne comprend pas que cet élu se permette de dire « moi je suis pour l’ours, mais en fin de compte je manifeste contre dès qu’il y a de la prédation, et je suis pour un aménagement qui pose de graves problèmes à l’ours », là on a un élu qui est ni fiable, ni cohérent dans son discours (il est contre Natura 2000), dès qu’il y a des actions de protections de la nature il est contre. Alors on se demande pourquoi il veut réintroduire, alors qu’il y a des associations de protection de la nature et un parc national des Pyrénées qui eux ont des discours plus scientifiques et plus légitimes pour assurer la conservation de l’ours; aussi faudrait-il peut-être écouter ce qu’ils disent pour les mesures de conservations !

Univers-nature – Y a t’il des projets de réintroduction dans les Alpes ?

Roland Guichard - Il y a eu un projet de réintroduction d’ours dans les Alpes. Pendant 4 ans des études ont été menées, mais comme pour l’instant il n’y a pas la volonté politique de continuer, elles sont stoppées. Et surtout, les élus ont demandé de surseoir à cela pour voir ce qui allait se passer dans les Pyrénées. Donc, on est actuellement toujours lié à un résultat positif des Pyrénées pour pouvoir continuer ailleurs. Néanmoins, il faut savoir que l’ours revient dans les Alpes, en Autriche il y a une trentaine d’ours présents, En Italie, dans les Alpes du Trentin, il y a 2 ours qui ont été réintroduits sur un programme de réintroduction. Là aussi, on est à côté de la Suisse, on peut imaginer une recolonisation, mais très lente, pas comme avec le loup.

Univers-nature – La sécurité en montagne avec l’ours, que peut-on en penser ?

Roland Guichard - De mémoire d’homme, on ne connaît pas d’attaque d’ours ou de blessure sur personne faite par un ours dans les Pyrénées.
Si on regarde en Europe, on en connaît vraiment très peu, par exemple en Slovénie, où ils ont 350 ours, avec une activité à l’intérieur des forêts (exploitants forestiers, chasseurs, mais aussi beaucoup de ramasseurs de champignons) ils ont fait une enquête auprès de 200 personnes utilisant ce milieu et qui avaient plus de 10 ans d’expérience professionnelle en forêt, pour savoir quand ils avaient été confrontés à des attaques d’ours. La réponse, il y en a 2 : un qui sautait de rocher en rocher et qui s’est retrouvé à côté d’une tanière, il avait un chien avec lui qui a fait fuir l’ours, donc il n’a rien eu, et dans l’autre cas, c’est pareil, il n’y a pas eu de problème non plus.
Par contre en Slovénie, il y a eu 3 accidents, mais on ne sait pas trop comment, hormis pour un chasseur qui avait blessé un ours et qui le recherchait en le croyant mort.

Univers-nature – Si on se retrouve face à un ours, quelle est l’attitude à avoir ?

Roland Guichard - D’abord il y a très peu de chance que l’on se retrouve face à un ours, car l’ours va fuir avant la rencontre. Néanmoins, il faut parler, reculer puis s’en aller, évidemment s’il est acculé, il faut lui laisser le passage.

Univers-nature – Est-ce que les éleveurs tentent de valoriser leur production, comme en Italie par exemple, en voulant mettre un label sur leurs produits ?

Roland Guichard - Actuellement on n’en est pas là, nous ne sommes pas comme dans le parc national des Abruzzes, où ils ont un label lié à la présence de l’ours et du loup.
En France, il y a des éleveurs qui sont neutres, « moi je fais mon métier, et je veux que l’ours me laisse tranquille », ça c’est très positif, on ne leur demande pas d’être pour. Mais le problème c’est qu’il y en a beaucoup qui sont contre, et qui refusent les protections. Pourtant, il y a une demande sociale qui est très importante, plus de 70% des gens vivent en ville, et la demande d’avoir une nature sauvage vient principalement d’eux, les ruraux et les agriculteurs ne sont pas demandeurs de la présence de prédateurs sauvages; mais l’élevage en montagne et l’agriculture en règle générale en France sont soutenus par des subventions et des primes payées en majorité par les gens des villes. 50% du budget de l’Union Européenne va à l’agriculture, alors qu’elle ne représente que 2 à 3% de la population, on peut donc dire qu’il y a une subvention à la production, ce qui est exceptionnel dans notre système, il faudrait que les éleveurs le comprennent et fassent quelques efforts.

Univers-nature – L’ours représente t’il un attrait touristique ?

Roland Guichard - On a fait faire des études à ce sujet.
En 1992, on a fait faire une étude sur la notion de « Pays de l’ours » et cela existe, il y a une vraie demande. Selon notre sondage Sofrès, plus de 74% des gens ont dit qu’ils trouvaient très attrayant une région qui sauvegarde l’ours et qui en a sur son territoire, que cela ne leur faisait pas peur, et un pourcentage similaire a lié l’ours à la modernité; l’ours n’est pas un retour au passé.

Univers-nature – Et vous, en tant qu’individu comment voyez-vous l’avenir de l’ours en France ?

Roland Guichard - Il y a ce que je que je souhaite, et après ce que je pense, c’est 2 choses distinctes.

Moi, je souhaite qu’il y ait de l’ours, du loup, et une faune sauvage présente en France. Ce pays n’a jamais été aussi forestier, les milieux n’ont jamais été aussi bien conservés. Bien sûr, il y a de gros aménagements qui font des barres infranchissables pour la faune, ça il faut y faire attention, mais en règle générale, le territoire est prêt pour le retour des grands prédateurs et ça peut se passer très bien.
Après, il y a ce que je pense sur mon pays; il y a un tel lobby, et la peur du loup, de l’ours, du lynx est basée sur une telle ignorance (on s’aperçoit que les gens ne connaissent pas la biologie de ces espèces, y compris les élus) qu’il y a un gros effort d’information à faire. A un moment donné, il faut avoir la volonté de se dire que si on veut voir des agneaux, il faut voir un bélier, et que si je veux voir mon troupeau maintenant, il faut que j’aie un chien de protection, voilà !!

 

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Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

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Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

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Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

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Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

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Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

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Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

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