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INTERVIEW

Interview du directeur de ARTUS, pour le retour des ours

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Univers-nature – C’est ce qui se passe actuellement avec les loups !

Roland Guichard - Tout à fait, c’est ce que l’on rencontre avec les loups, mais aussi en Ariège où les gens ont perdu l’habitude de l’ours et qu’ils hurlent immédiatement dès qu’il y a un dégât avec lui.

Univers-nature – Génétiquement, ces 2 populations d’ours, ce sont des animaux proches ou éloignés ?

Roland Guichard - C’est la même espèce, il y a des lignées génétiques qui ont été déterminées, les lignées « Ouest » et « Est ». La « Est » a une différence génétique plus grande, et donc les ours réintroduits sont de la lignée « Ouest ».

Univers-nature – Peut-on faire un bilan de la réintroduction à ce jour ?

Roland Guichard - Actuellement il n’y a que 3 ours qui ont été réintroduits, Pyros le mâle, et 2 femelles Ziva et Melba. Les femelles étaient gravides (pleines) et elles ont mis bas durant l’hiver, Melba a eu 3 oursons et Ziva en a eu 2. Un ourson de Melba a apparemment disparu, ce qui fait que maintenant, on peut supposer qu’il y a une femelle Ziva (Melba ayant été tuée par un chasseur, ndlr) un mâle et 4 jeunes. Ce qui fait un total de 6 ours, mais ce n’est pas suffisant pour la réintroduction, elle doit porter sur 6 adultes sans lien de parenté apparent.

Univers-nature – Suite à la mort de Melba, tuée par un chasseur français, les chasseurs des Balkans avaient dit qu’ils « offriraient » un ours à la France, qu’en est t-il ?

Roland Guichard - C’est la Roumanie, et dans ce pays c’est la lignée génétique « Est » où il y a plus de différences génétiques, donc on ne souhaitait pas du tout cela. En plus il faut se méfier, il y a des ours issus de fermes d’élevage, pour avoir de gros trophées… Cela ne veut pas dire que tous les ours sont comme cela en Roumanie, mais cela existe, on sait par exemple que pour la chasse présidentielle et autres, il y a eu recours à ces fermes. Alors quand on nous donne des animaux, on peut avoir à faire à des animaux qui proviennent de ces fermes, d’où la nécessité de se méfier. Il ne s’agit pas d’accepter n’importe quel cadeau, qui par la suite peut se révéler un cadeau empoisonné.

Univers-nature – Etant donné qu’il y a une femelle qui a été abattue, le nombre d’ours restant à réintroduire ne va t-il pas être revu à la hausse et passer de 3 à 4 ? – En outre, y a t-il un calendrier de prévu?

Roland Guichard - Actuellement, on demande au ministère de l’environnement d’envisager la réintroduction de 3 ours, la seule chose c’est qu’il faut résoudre aussi les problèmes de cohabitation entre les éleveurs et l’ours, principalement en Ariège. L’Espagne aussi, n’est pas encore prête à accepter l’ours, comme ils se sont déplacés et ne sont pas restés sur les communes qui les acceptaient, ils se retrouvent parfois sur des communes où les gens n’étaient pas pour eux, il faut résoudre ces problèmes-là avant.
Concernant le calendrier, il n’y a pas de date de fixée, la clé est entre les mains de l’Etat.

Univers-nature – Y a t-il une évolution importante des mentalités par rapport au début de la réintroduction?

Roland Guichard - Les gens qui étaient pour, le sont restés, là il n’y a pas eu de changement; pour les gens qui étaient contre, certains ont un peu changé leur manière de voir en positif et d’autres se sont radicalisés et sont encore plus opposés. Donc sociologiquement, il y a tout un travail à faire, pour faire passer un message, informer, et qu’il y ait des mesures d’accompagnement.

Univers-nature – La présence d’un loup dans les Pyrénées françaises, risque t’elle de compliquer encore les choses pour les ours ?

Roland Guichard - S’il y a empoisonnement de carcasses pour le loup, l’ours étant aussi charognard, il va être détruit, donc on n’a pas intérêt à ce qu’il y ait un conflit qui se développe sur le loup car l’ours en pâtirait, il faut que l’on ait une acceptation des prédateurs en règle générale. C’est pour cela que lorsque l’on développe une méthode de prévention pour les éleveurs, on ne le fait pas uniquement contre l’ours, on le fait contre les chiens domestiques, l’ours, le loup, le renard, le sanglier (qui peut également être un prédateur d’agneaux), contre le grand corbeau, etc.

On a mis en place un chien de protection chez un éleveur d’animaux de collection (poules, émeu, daim, etc.) on a vu le chien de protection protéger le troupeau même contre des attaques de rapaces, donc cette méthode fonctionne très bien contre l’ensemble des prédateurs. On a même actuellement des chiens de protections qui sont placés dans des élevages d’autruches, pour prévenir les attaques de guépards.
Nous sommes allés en Colombie Britannique, les témoignages d’éleveurs et de bergers que l’on a recueillis, c’est des gens qui pâturent avec des grizzlis, des loups, des pumas, en nombre considérable. Quelquefois sur une pâture de 10 hectares, il y a 7 ours de présents, et ils n’ont pas une seule attaque depuis 6 ans, mais leurs chiens de protections (4, 5, 6 parfois) ils les installent avec rigueur. On ne met pas le patou sur le canapé, le soir il reste avec le troupeau.

Quand l’intérêt est bien compris par l’éleveur, si l’Etat et les syndicats ont compris son intérêt, alors les choses se mettent vite en place. En France ça sera très difficile, parce qu’on a un syndicalisme agricole qui a des intérêts divergents, tout est mélangé, lié à des subventions, des primes, des remboursements, et ce n’est pas sain…

Univers-nature – Concernant la prédation qu’il y a eue avec les 2 ours sub-adultes qui se sont déplacés jusqu’en Ariège, n’y a t’il rien eu de fait pour préparer les éleveurs à l’arrivée des ours, ou vous êtes-vous heurté à un refus ?

Roland Guichard - Artus a formé un éleveur qui est payé à plein-temps pour s’occuper de la mise en place des chiens de protections et des méthodes de prévention. Il est de l’Ariège et a été 10 ans berger, donc il connaît bien son métier. Le seul problème c’est qu’il faut que les éleveurs fassent appel à lui. On ne peut pas imposer une méthode de prévention, c’est au pouvoir public de le faire éventuellement. Nous, on ne peut que constater.
Encore une fois, on n’est pas dans un système qui incite les éleveurs à faire de la prévention.

Univers-nature – Pour les 2 sub-adultes de Melba, quel avenir ?

Roland Guichard - Ils ont trouvé un endroit, il cherchent la quiétude, le calme et la nourriture. Il faut les laisser vieillir tranquillement.

Univers-nature – Les émetteurs qu’on leur a mis, qu’en pensez-vous ?

Roland Guichard - Il y en a un, qui a un émetteur intra-abdominal, ça on est contre, car même si les précautions ont été prises, il peut y avoir un risque de santé à terme, et puis il y a aussi des petits émetteurs auriculaires.
Toutefois, on pense que l’animal n’a pas besoin d’être en laisse électronique sans arrêt, et l’on n’a pas à suivre un animal.

Univers-nature – En tentant de faire évoluer les mentalités, arrivez-vous à devancer l’arrivée de l’ours sur le terrain ?

Roland Guichard - On n’arrive pas à le devancer.
Artus a proposé en 1992, au ministère de l’environnement de travailler sur les chiens de protection, le ministère ne voyait pas l’intérêt de la démarche. Donc, on a repris le dossier en 1996, à l’arrivée des 2 ours.
Il faudrait travailler sur l’ensemble des massifs et prendre à bras le corps le problème de la prédation, il ne faut pas attendre qu’il y ait des ours ou des loups; même sans leur présence, il y a de la prédation sur les troupeaux ovins. Si on a des animaux qui sont efficaces sur les renards, les sangliers et les chiens (les chiens font énormément de dégâts, rien que sur l’Ariège, l’année dernière la profession agricole reconnaît qu’ils ont tué 600 bêtes; en comparaison, cette année ils en ont eu 60 tuées par des ours, dans les 2 cas c’est inacceptable) donc avec des chiens de protections il protégerait à la fois leur troupeau des ours, mais aussi des chiens, soit 660 bêtes de sauvées.
Les élus, au lieu de tirer le débat vers le bas, ils feraient mieux de regarder quel est le véritable intérêt des éleveurs, avec des chiens de protections mais également la création de postes de berger dans des endroits où les troupeaux ne sont pas gardés.
Il y a quelques éleveurs qui nous soutiennent en Ariège, et comme par hasard, ce sont ceux qui veulent créer des postes et regardent à plus long terme. Des bêtes qui sont bien gardées, ce sont des bêtes plus tranquilles qui engraissent mieux. Même le milieu de pâture est mieux conservé, car les brebis ont tendance à monter en altitude quand elles sont seules et sur pâture en pelouse alpine, pendant ce temps-là, le bas s’embroussaille.

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Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

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Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

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Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

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Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

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Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

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Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

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