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Société - lois - politique

Le 4×4 ou la ville invivable

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POINT DE VUE

Si les travaux du tramway suscitent actuellement dans la capitale quelques contestations très souvent injustifiées, il est des silences que l’on comprend mal, car, depuis deux ans, Paris est devenue un gigantesque parc d’essais pour des automobiles qui non plus rien à voir avec les standards de la circulation routière. Les standards, justement, s’étant métamorphosés. Rappelons-nous le temps ou, la ‘Mini’ de Rover, chère aux habitants de l’ouest parisien, se faufilait avec légèreté dans nos avenues. La Mini est encore là, mais a pris de l’embonpoint et a changé de maîtresse. Elle se trouve supplantée par du sculptural, genre belle cuisse, habillée de peaux de bêtes et chaussée de talons hauts. Mesdames s’appellent X5, Rexton, Classe M, Frontera, Range Rover, XC90, Touareg, Cayenne, RX300, et sont, respectivement, le fruit de constructeurs parfois inattendus : BMW, Daewoo, Mercedes, Land Rover, Volvo, Wolswagen, Porsche, et pour finir Lexus, la branche luxe de Toyota. Leurs mensurations sont tout simplement consternantes au regard des autres véhicules en place : en moyenne plus de 4,50m de long, 1,85m de large et 1,75m de haut lorsqu’une Clio, voiture standard, s’efforce d’exister avec ses 3,82m de longueur, ses 1,64m de largeur et ses 1,42m de hauteur; à cette envergure répond un poids de pachyderme oscillant entre 1,8 tonne et 2,4 tonnes quand une Clio fait un peu plus de 900 kg; le plus effrayant venant de leur consommation puisqu’en moyenne il leur faut 18 litres d’essence pour faire 100 km en usage urbain, une Clio absorbant 10 litres de moins sur la même distance (la palme allant au fleuron des 4×4 à savoir, la Porsche Cayenne que l’on voit fleurir ici et là depuis son lancement et qui annonce sans complexe 30 litres au 100!).

On reste, bien entendu, médusé par de tels chiffres alors que l’on tente progressivement de réduire la place de l’automobile en centre-ville. Cest comme si une lutte faisait rage entre les défenseurs du ‘tout-auto’ et ceux qui prônent une limitation de son usage par des modes de déplacement doux (bicyclette, roller, marche à pied, transports en commun) et, qu’insidieusement, d’autres n’hésitaient pas à consommer deux à trois fois plus d’essence que la moyenne pour des trajets qui, à l’évidence, ne demandent pas l’utilisation de quatre roues motrices couplées à des moteurs turbocompressés. Tant est si bien que l’on est en droit de se demander à quels types de besoins répondent ces véhicules? Comment peut-on justifier la présence de ces engins démesurés et dangereusement polluants si tant est qu’une justification soit possible, puisque l’obstacle majeur de franchissement de ces charrettes climatisées reste, dans notre contexte urbain, le trottoir granitique réservé -rappelons-le- aux piétons! Naturellement, on pourra nous rétorquer quil s’agit de véhicules en petit nombre eu égard à leur prix et à leur entretien. Erreur, malheureusement, grossière, que l’on réparera en constatant l’enthousiasme éclairé des concessionnaires parisiens (en 2003 les ventes de voitures en France ont accusé une baisse de 6% alors que le secteur du 4×4 s’enorgueillit d’une hausse de 10% expliquant la reproduction rapide et massive de certains modèles comme Le Touareg ou la X5). On comprend dés lors qu’il ne s’agit plus dun phénomène marginal. Le taux de motorisation de Paris intra-muros est certes négligeable (0,5 voiture par ménage), le volume de la circulation ainsi que les cortèges de conséquences sur la qualité de vie des parisiens sont sans commune mesure. Et manifestement, ce ne sont pas les initiatives du type ‘Ville sans ma voiture’ qui excitent la sensibilité environnementale des automobilistes et les incitent à utiliser des modes de transport alternatifs. Pourtant, il s’agit là d’un enjeu majeur pour le quotidien des citadins et notamment pour de nombreux usagers des routes comme les cyclistes. Bien que l’on sache, depuis les travaux de la géographe Isabelle Roussel, que la pollution est plus forte dans les habitacles des voitures que dans l’air extérieur, on ne peut passer sous silence le fait qu’un cycliste est obligé de respirer un volume dair 2,3 plus élevé que la moyenne, donc 2,3 fois plus de dioxyde d’azote. Voilà un contexte qui incite à acheter une bicyclette!

Ainsi, la présence incongrue de ces 4×4 souligne les contradictions idéologiques sous-tendues par les politiques menées en faveur des réductions de risques de pollution urbaine. Mais au fond leur présence va plus loin encore. A côté du prisme environnemental, on pourrait, me semble-t-il, lire dans la multiplication de ces véhicules trois dimensions caractéristiques des mutations inquiétantes de nos sociétés contemporaines.

Tout d’abord, si on se place sur un plan social, on peut, sans trop exagérer le trait, affirmer que l’on assiste à une sorte de ‘nettoyage social’, car ces voitures sur pattes, par leur puissance, par leur présence, s’impose comme des signes ostentatoires de réussite et de consommation et non plus comme des véhicules de l’utilitaire. La ségrégation socio-spatiale passe aussi -et peut-être surtout- par l’appropriation de la route, axe majeur de nos communications. Le 4×4, dans nos centres urbains, n’est plus une voiture tout terrain, mais la voiture d’un seul terrain: la distinction sociale. Son achat dépasse largement la notion d’usage technique et correspond pour une bonne part à un usage symbolique car l’espace des transports est bien plus qu’un espace déchanges économiques et commerciaux. Il est aussi un espace d’échanges sociaux avec l’automobile comme volume de prestige.

Une seconde lecture interroge le rapport (illusoire) que le citadin entretient avec la campagne. Théoriquement, l’utilisation de ces véhicules va avec ce que l’on appelle les loisirs de plein air, comme l’annonçait en 1977 le premier véhicule de ce type, la Rancho de Talbot-Matra. Or, le plein air, dans Paris, est aujourd’hui saturé au monoxyde et au dioxyde dazote. On se dit donc qu’ils iront tester leur traction arrière sur des pentes à 15° dont la peau est terreuse. S’était sans compter sur l’amoindrissement des distances géographiques. En fait, non contentes de se pavaner la semaine, on en retrouve en week-end dans d’autres vitrines bénéficiant de la proximité du centre parisien: Deauville et Cabourg étant devenues une alternative aux boulevards haussmaniens, une sorte de cour de récréation. Dans notre désir de campagne, de verdure, de rustique réhabilité, le 4×4 ne serait-il pas devenu l’indice d’une nostalgie rurale? Autrement dit, ne sommes-nous pas confrontés à une attitude qui consisterait à mimer la nature par un objet qui lui était dédié? L’idéalisation de l’espace de nos ancêtres par une machine contemporaine? Reste à savoir quelle est la proportion d’utilisateur près à saloper de boue leur Porsche Cayenne, ou autre Classe M…

Enfin, ces nouvelles pratiques nous invitent à regarder les nouvelles formes d’habiter les territoires. Contrairement aux breaks, aux voitures de sports ou aux monospaces, les 4×4 annoncent l’ère d’une voiture inquiétante: la ‘voiture laine de verre’. Il n’est que de pointer la publicité pour la Lexus XS300 et constater la présence des 11 hauts-parleurs en série pour comprendre que l’habitabilité, si chère au constructeur, n’est en fait qu’un paravent qui masque une volonté de s’isoler dans nos villes, une sorte de mise à l’écart qui n’est pas sans rappeler la privatisation de l’espace public sous forme de parcs et de sites résidentiels. Le 4×4 est à la route ce que la résidentialisation est à l’aménagement des espaces périphériques. En complément du mur de la demeure, c’est le mur social de la forteresse en acier qui s’érige, sorte de clôture mobile pour le conducteur. On ne conduit plus sa voiture avec les autres, on l’habite sans les autres. La voiture n’est plus seulement un moyen de déplacement, elle est en train de devenir un véritable moyen d’habiter les réseaux de communication par une sorte d’isolement mobile, le 4×4 en étant la préfiguration. Cest la perturbation et la dislocation des échanges sociaux que l’on voit poindre dans cette course à la protection et une confirmation du statut individualiste de l’automobiliste.

Alors quel constat final: à bien y regarder, on ne pourra pas soutenir très longtemps ce double discours schizophrénique où se mélange inexplicablement les nouveaux enjeux environnementaux du PLU (Plan local d’urbanisme) et le vagabondage d’engins superflus, hors de prix et nuisibles au milieu humain. Ne gâchons pas l’Histoire de l’automobile et la vie de citadins par des caprices de nantis ivres de jouets aux normes d’une ville digne d’un roman d’anticipation. Que les 4×4 déguerpissent et pas par quatre chemins…

Eric Boutouyrie
Géographe, Equipe MIT, Université de Paris VII Denis-Diderot
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ACTUALITE

Emballage et étiquettes

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Le sujet de l’emballage en grande surface fait couler de plus en plus d’encres au fil des dernières années. Cela va logiquement de pair avec le fait que l’écologie n’est plus un sujet qu’il est possible d’ignorer. Une partie grandissante de la population régule avec plus ou moins de convictions ses tâches du quotidien pour adopter un mode de vie à la fois sain et plus respectueux de la planète. Une des problématiques les plus redondantes est alors : comment consommer en limitant le plus possible son impact sur l’environnement ? Les grandes surfaces étant casi incontournables pour les citoyens urbains, il est facile de se sentir impuissant par rapport à l’impact écologique de nos achats. emballages plastiques, provenance des produits, pratiques nocives pour l’environnement etc. Autant d’aspects qui rendent vos courses un vrai casse-tête si vous possédez la volonté de consommer « eco-friendly ».

Le problème du plastique :

C’est plutôt simple : le plastique est partout dans notre société. Que l’on achète des produits alimentaires, éléctro-menagers ou hi-tech les emballages et sur-emballages celluloïds entourent une quantité astronomique des marchandises présentent en rayon des magasins. Si il existe des initiatives comme les épiceries sans emballages ou l’achat se fait au poids, les habitudes des consommateurs peinent à changer et leur impact réel reste à prouver. Pour cause, le plastique est matériaux extrêmement polluant du début à la fin de sa chaîne de production. La simple fabrication du plastique nécessite comme on le sait l’usage de ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole ou le charbon. Une quantité affolante de déchets plastiques se retrouvent par la suite dans les océans, catastrophe écologique telle qu’on appelle la surface de déchets marins en plastique le «  Septième Continent ».

Alors comment consommer en réduisant son impact sur l’environnement ?

L’application Yuka est un outil en vogue qui vous permet de scanner les étiquette adhésives des produits que vous trouvez en grande surface. Cela vous permet d’obtenir rapidement des informations sur la qualité nutritionnel et l’impact écologique de ce que vous achetez. Globalement il est important de porter une attention particulière à l’emballage de votre produit. Evitez à tout prix les suremballages qui finirons immédiatement à la poubelle pour mettre des années à se dégrader. Privilégiez alors les écolabels en vous assurant que le produit contient bien une étiquette écologique biodégradable, preuve que vous payez pour une marque soucieuse de l’environnement.

Alors si faire évoluer les mentalités n’est pas chose aisée, c’est en disant non aux pratiques non durables de l’industrie alimentaire qu’il est possible de la faire changer. Faire vos achats en réfléchissant à deux fois sur la provenance et le packaging des produits sont des gestes simples qui permettront à nos enfants de poser le pied sur une planète préservée.

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Société - lois - politique

Les banques en ligne, quel bilan écologique ?

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Les français, professionnels comme particuliers, sont de plus en plus nombreux à choisir une banque en ligne.

Cet engouement s’explique par les nombreux avantages qu’elles présentent : le client peut accéder 7 jours sur 7 à son compte, il peut également effectuer ses opérations bancaires en toute autonomie. Des outils lui permettent d’optimiser la gestion de son budget ou de son entreprise. Les frais bancaires et de tenue compte sont réduits, aspect fort avantageux pour les clients qui se plaignent régulièrement du caractère excessif de ces frais. Des conseillers sont disponibles par téléphone, mail et chat dans des plages horaires étendues ce qui répond mieux aux attentes des clients. Les entreprises sont également séduites par cette solution qui facilite le lien entre leur compte bancaire et leur comptabilité.

Le choix d’une banque en ligne se justifie donc par l’ensemble de ces aspects pratiques qui simplifient grandement la vie des usagers. Mais il s’inscrit également dans une démarche et un mode vie soucieux de l’environnement.

En effet, les services en ligne réduisent considérablement l’impact écologique des activités bancaires.

Les services bancaires dématérialisés ont donc un impact carbone moindre.

Tout d’abord l’usage du papier, grand consommateur de ressources naturelles, se trouve réduit grâce aux comptes en ligne qui stockent l’ensemble des documents utiles sur le compte des clients leur permettant d’y accéder à tout moment.

Ainsi, les services de banques en ligne mettent fin aux nombreux envois postaux de relevés bancaires ou d’avis d’opération. Outre, la réduction du volume de papier généré, ceux sont les transports polluants de courrier qui disparaissent.

Ensuite, les banques en ligne sont situées dans un local unique. La consommation en ressources non renouvelables nécessaires à la fourniture d’eau et d’électricité des agences se voit tout naturellement diminuée de façon significative.

De plus, les déplacements en agence qui provoquent des émissions de gaz à effet de serre deviennent inutiles, et plus particulièrement dans les zones éloignées des centres-villes.Le bilan écologique des banques en ligne est donc incontestablement plus satisfaisant que celui des banques qui fonctionnent avec un réseau d’agences.

Enfin, elles soutiennent de plus en plus l’innovation et plus particulièrement dans le domaine de la protection de l’environnement, sujet au centre des préoccupations aussi bien des particuliers que des professionnels et institutionnels.

 

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ACTUALITE

En Allemagne, un referendum citoyen pour sauver les abeilles

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Voilà qui devrait conforter une partie de nos compatriotes qui arborent leurs gilets jaunes chaque week-end depuis 14 semaines maintenant : en Allemagne, un référendum sera bientôt organisé pour la conversion de terres aux normes de l’agriculture biologique. Pourquoi les gilets jaunes y trouveront un motif de satisfaction ? Parce que le referendum dont il est question est d’initiative citoyenne, le fameux « RIC » dont on nous rebat les oreilles.

Une petite formation politique écolo de Bavière a simplement déposé une pétition pour demander que 20% des terres arables du Land respectent les normes biologiques d’ici 2025, un chiffre qui montera à 30% en 2030, et auquel s’ajoutent les 10% d’espaces verts publics qui subiront le même traitement et un plus strict contrôle des taux d’engrais et de pesticides dans les rivières. Le résultat fut inespéré, puisque pas moins de 1,75 millions de citoyens ont soutenu le texte, par ailleurs baptisé « Sauver les abeilles », dépassant largement le seuil du million de signataires susceptible de déclencher l’organisation, dans les six mois à venir, d’une consultation du corps électoral. Une dynamique citoyenne dans la droite lignée des dernières élections locales bavaroises d’octobre dernier, lorsque le parti des Verts est devenu avec 19% des voix la deuxième force politique de la puissante région.

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Si les électeurs bavarois vont dans le sens de la question posée au referendum, ils initieront peut-être un mouvement à l’échelle nationale pour permettre à l’Allemagne, 4ème consommateur mondiale de pesticides, d’enrayer le déclin qui apparaît inexorable de nombreux insectes, comme alertait une étude australienne la semaine dernière qui le comparait même au « plus massif épisode d’extinction depuis la disparition des dinosaures ».

Un adversaire coriace devrait cependant se trouver sur la route d’une Allemagne plus verte : Bayer, fleuron de l’agrochimie national, qui s’est récemment offert l’américain Monsanto pour 63 milliards d’euros. Le même Monsanto, qui tire une part massive de ses revenus du Round-Up, herbicide dérivé du glyphosate.

Alors, mieux vaut-il sauver la planète et penser à demain, ou ne pas bousculer une des plus grandes entreprises du monde pour ne pas chambouler l’économie d’aujourd’hui ? Vous avez quatre heures.

Photo : DannyPerezPhotography/Flickr/CC

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