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Climat

Y voir plus clair sur les objectifs Climat

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Alors que les Etats, ONG et industriels négocient et tergiversent sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, une étude, parue dans le journal scientifique Nature, devrait apporter une certaine clarté aux débats en cours.

Cette étude, dirigée par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (1), s’emploie à déterminer les quantités cumulées d’émission de CO2 liées aux activités humaines qu’il ne faudrait pas dépasser afin de limiter le réchauffement global à 2 degrés celsius sur le XXIe siècle. Le seuil des 2 degrés celsius correspond à la limite considérée par le GIEC (2) comme permettant d’éviter des dérèglements climatiques majeurs et un emballement du réchauffement global.

Pour la période 2000-2049, les résultats de l’étude indiquent qu’avec une valeur de 1 000 Gt (3) de CO2 les probabilités d’un réchauffement dépassant les 2 degrés celsius sont de 25 % ; pourcentage qui passe à 50 % si le cumul des émissions atteint 1 400 Gt de CO2. En fonction de ce qui a déjà été émis depuis le début du siècle, des émissions annuelles actuelles et de leur rythme de progression, les scientifiques présentent une série de scénarios illustrant les efforts à réaliser selon la date du début de la diminution des émissions.

Sur la période 2000-2006, les émissions cumulées ont atteint 234 Gt de CO2, ce qui représente déjà près du quart du « budget » des 1 000 Gt ; actuellement les émissions ont dépassé les 37 Gt par an avec un taux de croissance annuel de l’ordre de 3 %. Avec ces paramètres, pour rester dans la limite de 1 750 Gt, si le pic d’émission se produisait en 2010, l’effort à produire serait de 2 % de baisse par an jusqu’en 2050 et s’il se produisait en 2015 il serait de 3,6 %. Si les émissions n’étaient pas stabilisées avant 2020, même des efforts supérieurs à une diminution annuelle de 6 % seraient insuffisants pour atteindre l’objectif et les dernières années de la période nécessiteraient un volume d’émission négatif.

En théorie, ce rapport devrait servir de base pour les négociations du futur protocole de Copenhague successeur de l’actuel protocole de Kyoto. L’équation à résoudre ayant de moins en moins d’inconnues et pouvant se résumer ainsi :

– Le volume d’émission des gaz à effet de serre doit impérativement cesser de croître avant 2015.

– Les pays industrialisés doivent faire les efforts nécessaires afin que leur diminution d’émission compense rapidement la croissance de celle des pays en voie de développement.

Cette étude, qui d’après ses auteurs est une première, a le grand mérite de clarifier les règles à moins de huit mois de la fin des négociations de Copenhague. Il y a cependant peu de chance que ces données scientifiques aient la faveur des administrations européenne et américaine. Pour l’instant, les engagements européens d’une réduction de 20 à 30 % en 2020, par rapport à 1990, apparaissent insuffisants. Quant aux intentions de la nouvelle administration américaine de limiter les efforts à 17 % de réduction en 2020 par rapport à 2005 (soit une baisse d’environ 6 % par rapport à 1990), elles apparaissent en totale divergence avec les résultats de l’étude. Les dernières déclarations de Todd Stern, qui dirige la délégation américaine aux négociations climatiques, interviewé par l’AFP, semblent fermer la porte à toute évolution des Etats-Unis sur le sujet : « l’Amérique va aussi loin que son système peut l’accepter… il faut combiner une certaine fidélité aux recommandations des scientifiques et le sens pratique ».

Le mince espoir qui réside, c’est qu’ONG et populations se saisissent des résultats de cette étude pour expliquer aux gouvernements que le compte n’y est pas et que l’on ne peut d’un côté affirmer prendre en compte les données scientifiques et d’un autre côté faire fi des contraintes qu’elles indiquent. Le Pouvoir chinois semble avoir déjà intégré ces données en déclarant que l’équité, dans les objectifs climats, nécessitait une baisse de 40 % des émissions des pays industrialisés avant 2020. Demande qualifiée immédiatement de « non réaliste » par Todd Stern.

Michel Sage

1- Créé en 1992, le Potsdam Institute for Climate Impact Research est un des instituts allemand les plus renommés en matière de prévision climatique.

2- C’est en 1988 que l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ont créé le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat). Ce groupe publie un rapport complet tous les 6 ans, qui tient lieu de référence pour les scientifiques et les décideurs du monde entier.

3- 1 Gt = 1 milliard de tonnes.
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Le drapeau du réchauffement climatique

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A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.

Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.

Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.

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 Le réchauffement mondial illustré

Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/

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Le drapeau du réchauffement en France

Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.

Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming

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Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?

Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.

Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.

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 Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?

Photo : Compte Twitter de Brune Poirson

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