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Pollution - Déchêts

Une gestion défaillante et coûteuse des déchets en France

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La Cour des Comptes vient de dresser le bilan 2011 de la gestion des déchets en France, basé sur l’examen de plus de 150 collectivités et organismes locaux dans une vingtaine de régions. Contrasté, cet état des lieux confirme l’augmentation globale de la production des déchets des ménages, à un rythme moins soutenu que par le passé. De fait, la baisse des quantités de déchets produits quotidiennement par les ménages est compensée par la hausse de leurs déchets occasionnels (encombrants, déchets verts, dépôts en déchetteries etc.). Du point de vue environnemental, des progrès se dessinent même s’ils restent modestes. Ainsi, les 128 incinérateurs en fonction respectent désormais l’ensemble des normes relatives à la pollution de l’air, contrairement aux observations faites en 2004.  

La gestion des déchets ménagers et assimilés a également progressé en termes de collecte sélective, laquelle couvre 98,5 % de la population française, et de développement des déchetteries et du recyclage. La valorisation des déchets s’est également améliorée (production de chaleur ou d’électricité). Toutefois, la qualité de la collecte n’est pas encore satisfaisante, particulièrement dans les centres-villes. L’information et la responsabilisation des citoyens en matière de tri ou de prévention doivent être renforcées. En outre, l’organisation territoriale et les plans départementaux de gestion des déchets manquent de cohérence. On note ainsi une carence en exutoires (1), liée notamment au phénomène « NIMBY » (« pas dans mon jardin »), illustratif de la forte résistance des populations contre l’installation d’un nouvel équipement à proximité de leur lieu de vie. Dès lors, la multiplication des distances parcourues par les déchets ménagers entraîne des coûts financiers et environnementaux supplémentaires.

De fait, les coûts sont en augmentation constante. Sujette à de fortes disparités, allant du simple au triple d’une collectivité à l’autre, cette hausse a été estimée à 6 % par an au cours des dernières années. En 2009, le coût moyen par habitant et par an avoisinait les 124 euros, soit 33 centimes le kilo. La dépense nationale atteignait 8 milliards d’euros. Selon le Cniid (2), ce surcoût est, en partie, lié aux évolutions réglementaires de ces dernières années, et notamment la mise aux normes des installations. Or, d’après l’organisme, cette augmentation n’est pas prête de s’arrêter, les nouveaux contrôles sur les dioxines devant notamment générer des hausses de 2 à 6 euros par tonne. Pour le Cniid, la logique voudrait qu’au lieu d’intensifier la dépollution, on travaille en amont sur la réduction des déchets et le développement d’alternatives limitant le recours à l’incinération et au stockage.

Le contrôle par les entreprises privées du secteur public des déchets est un autre facteur d’augmentation non maîtrisée des coûts. La plupart des entreprises du secteur sont, en effet, des filiales de grands groupes nationaux tels que Veolia ou Suez. Comme le souligne le Cniid, le rapport de la Cour des Comptes atteste ainsi du paradoxe de la gestion des déchets, manne d’or pour certains qui s’enrichissent aux dépens des contribuables et des collectivités.  

Cécile Cassier
1- Les exutoires désignent des équipements de stockage ou de traitement destinés à accueillir au final les déchets.

2- Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets.
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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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