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Pollution - Déchêts

Une enquête troublante sur le contenu du pétrolier Erika

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A quelques semaines de l’ouverture du procès (1) sur le naufrage du pétrolier Erika, le 12 décembre 1999 au Sud de la Bretagne, l’émission de France 3, ‘Les clés de l’info’, est revenue sur le contenu de la cargaison du navire et les nombreux doutes qui subsistent sur sa nature exacte.

Quelques jours après le naufrage et l’arrivée des premières nappes de pétrole sur les côtes, suivies de bénévoles pour ramasser le fioul, des voix s’étaient élevées pour connaître la nature exacte du produit qui se trouvait à bord du pétrolier. Total avait alors déclaré que le navire ne contenait que du fioul lourd n° 2 (30 884 tonnes), un combustible bas de gamme utilisé pour la propulsion des navires ou dans les centrales thermiques pour produire de l’électricité. La fiche technique du produit soulignant son caractère toxique et hautement cancérogène, avait fait que les opérations de nettoyage s’étaient alors poursuivies avec des combinaisons et des gants. Toutefois, un laboratoire indépendant du Sud de la France, Analytika, avait contesté, et conteste encore, ce contenu et avance que le fioul de l’Erika aurait été en fait un déchet issu de l’industrie pétrolière, encore plus nocif que le produit annoncé.

Aujourd’hui 7 ans après, document à l’appui, les auteurs de l’enquête semblent avoir acquis la certitude, eux aussi, que l’Erika ne contenait pas que du fioul lourd n° 2 et qu’un second produit était présent dans les soutes du navire. Si le document avancé dans l’émission est évidemment contesté par Total, lors du tournage du reportage plusieurs experts l’ont validé, tandis que ‘des failles’ apparaissent dans les opérations de chargement de l’Erika, à la raffinerie des Flandres, à Dunkerque. Ainsi, selon la thèse journalistique, au moment du naufrage l’Erika aurait eu dans ses soutes 27 000 tonnes de fuel n° 2 et 3884 tonnes d’une cargaison inconnue, le tout destiné au producteur d’électricité italien ENEL.

?Le mystérieux produit pourrait être un déchet provenant du raffinage du pétrole, considéré comme très dangereux et dont le transport est strictement encadré. Théoriquement, ces déchets sont traités par des entreprises spécialisées, mais pour des raisons économiques évidentes, comme le déclare un directeur de raffinerie à la retraite : le pétrole c’est comme le cochon, tout doit être valorisé. Aussi, pour améliorer leur bilan économique, certains directeurs de raffineries peu scrupuleux mélangeraient ces déchets au fioul lourd n° 2… Or, dans les mois qui ont précédé le naufrage de l’Erika, la raffinerie, d’où est parti le pétrolier, a procédé à un arrêt technique ayant généré des déchets.

Le reportage ne lève pas le voile sur toutes les zones d’ombre du dossier, mais en apportant un peu plus de crédit à la présence d’un second produit dans l’Erika, l’émission permet d’entrevoir un peu plus le scandale que pourrait être l’Erika si toute la lumière pouvait être faite dessus.

Comme le notent les journalistes, ‘Total est loin d’être transparent’, et le fait que le groupe ait été très présent, mobilisé pour réparer, nettoyer les plages, traiter les déchets… alors que dans le même temps il se disait, et se dit encore, non responsable, soulèvent bien des questions, à commencer par : ‘A-t-il quelque chose à se reprocher ? Et si cette cargaison était frauduleuse, en tout cas secrète ?’

La réponse tient-elle uniquement au fait que selon l’enquête ‘… Total se fait de l’argent avec la marée noire’ en fabriquant le matériel nécessaire à la dépollution, les gants, les filets nécessaires au ramassage des boulettes de pétrole… ?

Ce document, réalisé par Antoine Placier et Willy Colin, fera l’objet d’une rediffusion le samedi 9 décembre à minuit sur France-3-Ouest uniquement, néanmoins il est possible de le voir actuellement sur Internet (2).

Pascal Farcy

1- Le procès du groupe Total et de 14 autres prévenus poursuivis pour ‘pollution maritime’ et ‘complicité de mise en danger de la vie d’autrui’, dans le cadre du naufrage de l’Erika, devrait se tenir du 12 février au 13 juin 2007.

2- Voir la vidéo de l’émission sur Internet.

3- Le récapitulatif de la gestion de la marée noire durant les mois qui ont suivi le naufrage de l’Erika

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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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