Connecte-toi avec nous

INTERVIEW

Interview du ROC, défense des non-chasseurs et de la nature

Publié

au

=================> Page précédente de l’article <=================

Univers-nature – Vos actions sont-elles ciblées sur certains domaines ou espèces précises, et les assumez-vous seul ?

Nelly Boutinot - Il y a des actions qui sont menées avec le monde associatif dans son ensemble, comme la pétition en faveur des oiseaux migrateurs, ça c’est important car les associations se retrouvent comme un seul homme à défendre ces oiseaux sans frontière et donc, cette pétition est largement soutenue par le ROC. Il y a une autre action ponctuelle, pour ne pas faillir à notre double action de défendre la nature et les droits des non chasseurs, c’est l’action en direction du premier ministre, qui dure depuis 1997 (mais comme ils se succèdent il faut toujours recommencer) c’est la modification de la loi Verdeille. Cette modification n’est pas encore réalisée, mais elle va certainement être programmée dans l’année parlementaire à venir. Cela ce sont nos 2 actions principales, parce qu’il faut des priorités; lorsque l’on veut défendre trop de choses, on se disperse et on reste superficiel dans chacun des dossiers.

Nous avons également en cours d’autres actions ponctuelles. Nous essayons d’apporter notre aide à ceux qui veulent protéger les grands prédateurs que sont l’ours, le loup, le lynx, et même les petits, car il ne faut pas oublier le renard et les petits mustélidés qui sont persécutés en France.

Il est à noter que nous sommes parvenus à faire inscrire l’ortolan sur la liste des espèces protégées, car c’est le ROC qui a saisi le Conseil d’Etat de ce non-classement de l’espèce et a obtenu gain de cause en 1994. Bien sûr les gouvernements n’ont pas suivi, et le ROC a de nouveau saisi le Conseil d’Etat pour non respect d’un de ses arrêts, celui-ci a décidé d’une astreinte jusqu’au jour du classement et comme l’Europe menaçait d’infliger une astreinte encore plus lourde au gouvernement français, finalement le classement a eu lieu. Donc nous défendons toutes les espèces, mais à des degrés divers et dans le respect de priorités clairement définies.

Univers-nature – Dans l’est de la France, il y a un problème de chasse dans les forêts périurbaines de Strasbourg, avec la volonté de la ville de soustraire ses forêts à l’emprise de la chasse. Intervenez-vous sur ce problème ?

Nelly Boutinot - La chasse va être effectivement interdite dans les forêts de Strasbourg. L’association locale, Alsace Nature, a lancé une opération dans ce sens; cette organisation connaît beaucoup mieux que nous les problèmes locaux, il est donc normal que ce soit elle qui pilote, ce qui ne veut pas dire que le ROC est resté inactif.

Dans le même genre, dans le Nord Pas de Calais, il y a une réserve naturelle où la chasse est interdite, mais les chasseurs y pratiquent tout de même la chasse aux oiseaux d’eau dans des huttes illégales. Il y a des associations locales qui prennent les choses en main, le ROC leur apporte son appui.

Il faut agir au meilleur niveau des compétences, les associations locales connaissent beaucoup mieux toutes les circonstances, tous les critères qu’il faut intégrer pour mener au mieux les actions, et donc le ROC ne va pas se substituer et arriver comme ça sur le terrain. Le ROC doit savoir aussi agir sans être en avant-garde, certaines associations agissent pour faire parler d’elles, nous, nous avons des actions qui sont complètement inconnues, que l’on ne révélera jamais, et qui sont d’une importance capitale. Il faut savoir ne pas se mettre en avant, et ça c’est une dimension que toutes les associations devraient avoir, ne pas confondre la notoriété de l’association et sa cause, ce qui importe avant tout, c’est la cause.

Univers-nature – Tout à l’heure vous avez parlé de l’ours, à ce sujet, que pensez-vous de sa réintroduction en France ?

Nelly Boutinot - Avant d’entrer dans le cas particulier de l’ours, les grandes lignes de la politique du ROC, c’est que les réintroductions sont des actions tellement difficiles à mener, qu’elles ne doivent être décidées que lorsque l’on a pu s’assurer de l’adhésion de l’ensemble de la population à l’action. Donc, on est plutôt défavorable à l’esprit de réintroduction. Quand la nature est prête à accueillir des espèces disparues qui existaient auparavant, la nature « s’arrange pour qu’elles reviennent, à l’instar du loup en France. Le retour naturel d’espèces est déjà tellement problématique, qu’imposer une réintroduction c’est véritablement une action ultra-délicate, et on a beaucoup de réserves à émettre sur le sujet.

Pour la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, quel dommage que l’on n’ait pas pu sauvegarder l’espèce pyrénéenne, et qu’on ait laissé sa destruction par la chasse et l’empoisonnement, faire qu’on en soit maintenant réduit à devoir renforcer sa population si l’on veut qu’elle se maintienne. Et là c’est un peu différent, car avec un renforcement de population, il y a quand même la population originelle qui reste. C’est une réintroduction, mais dans un contexte différent, parce que les populations locales se sont rendu compte, in extremis, trop tard, mais enfin elles s’en sont rendu compte, qu’il ne faut plus laisser faire. Donc, même ceux qui étaient les adversaires acharnés de l’ours, conviennent maintenant que ce serait dommage qu’il n’y ait plus d’ours dans les Pyrénées. Par conséquent, il y a dorénavant semble t-il, les conditions sociologiques minimum pour que la population d’ours soit renforcée. Toutefois, comme il y a parallèlement une réintroduction dans les départements voisins, est-ce qu’on peut à la fois financer la réintroduction dans les départements voisins et le renforcement de la population dans les Pyrénées-Atlantiques, il y a le problème de l’argent, sous-jacent à cette question !!

Pour trancher, je dirai que je préfère un renforcement de population plutôt qu’une réintroduction ailleurs dans la chaîne, mais qu’il fallait peut-être que l’ours soit réintroduit ailleurs, pour que les Béarnais veuillent finalement défendre leur population locale. Bref, tout cela est très complexe.

Ce n’est pas la spécialisation de notre association, bien que l’on essaie d’avoir un maximum d’idées sur le projet, et de confronter différents points de vue, mais nous n’avons pas un rôle majeur dans ces problèmes-là. Autant nous pouvons contester la diminution de l’ours à cause de la chasse, autant nous voudrions qu’un consensus s’établisse avec les chasseurs pour qu’ils acceptent l’ours à nouveau et ne le tirent pas; car finalement, comme pour le loup, les chasseurs quand ils acceptent, c’est avec l’arrière-pensée que plus tard il y en aura suffisamment pour qu’on puisse les inscrire espèces chassables.

Mais bon, il y a tellement de problèmes avec d’autres espèces qui existent bien, encore, comme le renard, la fouine, … que nous nous concentrons plutôt sur la défense des espèces encore présentes, que sur les problèmes de réintroduction et de renforcement. 

Univers-nature – Et si je vous dis « piège » !

Nelly Boutinot - C’est une activité parallèle à la chasse. Le piégeage est destiné à éliminer les prédateurs, ceux-ci étant accusés par les chasseurs de les remplacer, et donc ils aimeraient bien s’attribuer la part que les prédateurs prennent. Pour nous la prédation est un phénomène nécessaire à l’équilibre des espèces et l’action de l’homme contre les prédateurs est un non-sens.

Le piégeage est condamnable à double point de vue : parce qu’il empêche le processus de régulation par prédation naturelle, qui nous semble bien supérieur à toute régulation humaine, et parce qu’il occasionne souvent des stress ou des souffrances que l’homme pourrait épargner aux animaux. A la limite un coup de fusil sûr, nous semble moins contestable que le piège, ce n’est pas pour autant qu’il faut fusiller tous les animaux, mais le piège est souvent un instrument barbare.

Univers-nature – Peut-être un mot pour conclure !

Nelly Boutinot - Oui ! – S’il y a des chasseurs qui viennent au ROC en nous envoyant leur permis de chasser, c’est qu’ils prennent conscience de ce qu’est devenue la chasse et qu’ils ne veulent pas cautionner son évolution, préférant abandonner; néanmoins, ce ne sont pas les plus nombreux, bien entendu.

Je voudrais dire aussi que dans une démocratie tout est rapport de force, les chasseurs sont obligés d’adhérer à une fédération départementale, ce qui fait la force de ces fédérations en puissance politique et financière, par contre nul n’est obligé d’adhérer au ROC, puisque c’est une association loi 1901 et l’adhésion y est volontaire. Cela fait 2 poids, 2 mesures pour jauger l’importance des chasseurs et des opposants. Il est vrai que le nombre d’adhérants au ROC n’atteint pas 1 300 000 et c’est bien dommage, car 1 300 000 adhésions volontaires au ROC face à 1 300 000 adhésions forcées des chasseurs à leur fédération, on l’emporterait largement, et ce serait dans l’ordre des choses.

Dans l’opinion publique, la chasse pose des problèmes, elle doit être restreinte, nul, même le ROC ne demande son abolition, car il ne s’agit pas de vouloir interdire d’autorité et brutalement, une activité qui génère tant de passion et qui créerait une révolution sanglante si on l’abolissait. Donc loin de nous, l’idée de demander son interdiction, mais il est évident que nous voulons absolument que les non-chasseurs aient des droits, que les espèces chassées subissent une pression plus faible, et que l’on aille lentement mais sûrement, vers une pratique beaucoup plus mesurée, voire annulée, de la chasse en France, mais ce fera pour les générations suivantes.

Alors adhérez au ROC !

Continuer la lecture

Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

Publié

au

Par

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

Continuer la lecture

Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

Publié

au

Par

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

Continuer la lecture

Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

Publié

au

Par

Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

Continuer la lecture

Tendance