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INTERVIEW

Interview de Hubert Reeves

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Univers-nature – Les actions internationales en faveur de l’environnement ont des difficultés à se mettre en place tandis que le réchauffement de la planète et le changement  climatique sont de plus en plus visibles; pensez-vous que nous pouvons encore  être optimistes ?

Son

Hubert Reeves - La question de l’optimisme est une question intéressante, que nous nous posons tous. C’est ce que je vous disais tout à l’heure à propos de Goliath et de David. La personne qui regarde un peu ces dossiers ne peut qu’être très préoccupée sur l’avenir de la planète à l’échelle de quelques décennies.
Je pense aussi qu’il faut être optimiste. Moi je dis souvent que je suis volontairement optimiste. Parce que si on est pessimiste, c’est pire. Il ne faut pas décourager, il ne faut pas démobiliser les gens. Et souvent, dans les conférences et les publications, je fais état de résultats qui ont été obtenus. Nous en avons un très récent qui est précisément le fait que les plombs vont être interdits d’ici quelques années, que des animaux dits nuisibles ont été extraits de la liste.
Voyez, quand il y a des événements comme ça, je m’efforce toujours de les mettre en évidence.
Le problème de la couche d’ozone est en train de se résoudre, le problème des pluies acides, en tous cas en Europe et en Amérique, est en train de se résoudre. Ça montre que, quand les gens sont prêts à s’associer, et surtout quand des scientifiques, des politiques et des hommes d’affaires se mettent ensemble, on peut faire des choses.
C’est très important de ne pas donner l’impression que c’est foutu, qu’il n’y a plus rien à faire, qu’il n’y a plus qu’à se flinguer, etc., etc.
Ça pour moi c’est un des éléments importants de tout ce discours écologique, parce que le discours écologique peut être très noir, il peut déprimer les gens, il peut leur dire rentrez chez vous, flinguez-vous, c’est foutu… Non, ça ce serait le mauvais discours écologique, ce serait le pire. Il faut au contraire dire soyons réalistes, voyons les choses telles qu’elles sont, mais on peut encore faire quelque chose et il y a des choses qui ont été faites et qui sont faites en ce moment. La ligue pour la protection de la faune sauvage (le ROC, ndlr) en est un exemple, puisqu’elle obtient régulièrement des résultats très importants. Il faut mettre ça en avant chez les jeunes surtout.
Je crois qu’il y a une partie de la vie humaine qui est particulièrement réceptive à cela, c’est l’adolescence. A l’adolescence, les jeunes gens ont besoin de se mobiliser, de se motiver pour quelque chose. C’est en relation avec la mort du père évidemment, ils veulent exister, ils veulent tuer leur père entre guillemets, et pour cela ils ont besoin de quelque chose qui les mobilise et qui les structure. Les adolescents qui sont laissés sans structure, c’est-à-dire sans objectif, sans raison de vivre, sans chose à faire importante, cela atrophie rapidement ce besoin, cette nécessité pour la formation de l’esprit humain d’être, d’avoir une opération, d’avoir un but, d’avoir une idéologie.
Dans le passé, les idéologies se sont servies beaucoup de cela d’une façon très négative. Le nazisme ou le stalinisme sont des exemples d’éléments qui ont motivé des quantités de gens, mais avec les résultats que l’on connaît.
Le côté positif de la crise mondiale c’est que ça donne une motivation à tout le monde mais surtout aux jeunes à l’âge de l’adolescence, qui sont tout prêts à s’occuper de ces choses et qui en ont besoin je dirais, pour leur structure psychologique.
Je fais souvent des conférences dans des écoles, dans des lycées, et je vois très bien qu’ils sont prêts à bondir. Vous n’avez plus ça chez les adultes. Bien sûr, ils écoutent gentiment, mais vous ne sentez pas que pour eux c’est vital d’avoir un objectif. Et que pour une fois l’objectif soit carrément un bon objectif au lieu d’être un mauvais objectif, comme l’étaient le nazisme ou le stalinisme, je pense que c’est génial.

Univers-nature – Les énergies renouvelables sont une des solutions pour parvenir à limiter le changement climatique auquel nous assistons.  Est-il réaliste de penser que dans un futur proche, disons une vingtaine d’années, elles aient pris le relais du pétrole, du charbon, du gaz et du nucléaire? Technologiquement, sont-elles prêtes, et politiquement que manque-t-il ?

Son

Hubert Reeves - Oui, ça c’est la grande question. Evidemment, nous savons que dans 50 ans, pas plus, les énergies non-renouvelables seront pratiquement épuisées. Il restera peut-être le charbon. Le liquide de l’intérieur sera épuisé à l’échelle d’un siècle. Donc, il faut forcément avoir quelque chose.
Nous savons qu’il existe une source renouvelable qui est bonne pour des milliards d’années, le problème c’est qu’aujourd’hui, le kilowatt/heure solaire coûte encore trop cher. Cependant son prix diminue progressivement, et ce qui est clair, c’est que le prix des autres énergies va monter à mesure qu’il y aura épuisement. Alors on se rend compte que c’est possible à une condition, c’est qu’il y ait un effort massif au niveau des gouvernements, les gens parlaient d’un plan Marshall ou quelque chose comme ça, avec des subventions massives pour le solaire. C’est la seule solution à long terme.

Est-ce que les gouvernements vont être prêts à le faire ? C’est loin d’être évident. C’est loin d’être évident quand on voit qu’aujourd’hui, les recherches et développement pour le nucléaire sont beaucoup plus importantes que les recherches et développement pour le solaire, ce qui est une absurdité.
Donc, je pense que là aussi, on n’a pas de réponse à la question, mais il faut faire comme si c’était la seule chose possible et il faut tout faire pour essayer d’y arriver. Ça c’est vraiment un match, c’est la crise des années qui viennent. Il est évident que la seule solution c’est le solaire.
Il y aurait aussi la fusion contrôlée de l’hydrogène en hélium, mais qui est encore très hypothétique. Personne ne sait si ça marchera, personne ne sait quand ça marchera, personne ne sait à quel prix. Il y aura aussi des problèmes, mais moins graves que ceux du nucléaire. Avec le nucléaire c’est les déchets qui sont le grand problème. La fusion contrôlée, il n’y a pas de déchet, c’est déjà pas mal, mais il y a des neutrons qui sont émis dans la réaction, c’est-à-dire que les réacteurs seront contaminés à l’échelle de 30 à 50 ans. Donc on aura également des problèmes de ce genre. C’est une bonne idée de continuer à y travailler, mais je pense que LA SOLUTION, c’est le solaire et c’est la plus propre. Elle a des défauts aussi, il n’y a pas de solutions sans problème, mais c’est une question de choix : est-ce qu’on veut l’effet de serre, la pollution, les milliers de tonnes de déchets nucléaires, ou les quelques problèmes que pose le solaire, comme la présence des éoliennes ?
Il me semble qu’il faut faire un choix et qu’il est assez facile de voir dans quel sens on doit le faire.

Univers-nature – Quelles sont d’après vous les principales mesures que devraient adopter les parlementaires lors de la prochaine législature ?

Son

Hubert Reeves - D’abord mettre sur le tapis la question de l’énergie. Les parlementaires se la remettent d’année en année, ils n’en parlent pas, parce que c’est gênant, parce qu’ils savent très bien que c’est un problème très grave. Vous avez remarqué, pendant cette campagne de l’année 2002, on n’en parle pas. Tout le monde dit oui, c’est bien… mais le vrai problème c’est que va-t-on faire des déchets nucléaires ? Il y a ici des dizaines de milliers de tonnes de déchets nucléaires, aux Etats-Unis c’est des centaines, personne ne sait quoi en faire.
L’enfouissement, les envoyer dans le fond de la Terre c’est la possibilité d’avoir des problèmes géologiques. Quand vous parlez sur des dizaines de milliers d’années, vous ne savez jamais si vous n’aurez pas des mouvements géologiques, volcaniques ou autres, c’est la possibilité de contamination des couches phréatiques. Les laisser sur place c’est également assurer une sécurité, mais qui peut assurer une sécurité pour des dizaines de milliers d’années ? Imaginez que les Egyptiens aient eu des réacteurs nucléaires, hé bien la dynastie des pharaons elle est terminée depuis longtemps !! Vous voyez, c’est une sorte d’hypothèque sur l’avenir, qui est insensée.
Le nucléaire c’est : profitons maintenant et laissons nos enfants payer s’ils le peuvent.
Donc, on devrait remettre cette question sur le tapis et surtout prendre des décisions sur quelle énergie pour l’avenir. En pratique, je pense que si on regarde avec un œil objectif et sans être influencé par les différents avis, on dira : c’est le solaire. A ce moment-là, il faut y aller, sans craindre les dépenses parce que ça coûte trop cher. Il faudra avoir des aides à la fabrication de panneaux solaires, tout le monde veut des panneaux solaires aujourd’hui, mais dès que vous regardez le coût de l’investissement, vous êtes découragés.
Toutes ces choses-là ne pourront démarrer que s’il y a un fort apport du gouvernement, comme il y en a eu pour le nucléaire. Quand en 70, le gouvernement a investi dans le nucléaire, il a investi des sommes énormes, ce qui a permis au nucléaire de se mettre en place. Aujourd’hui, il faudrait quelque chose de semblable avec l’énergie solaire.

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Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

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Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

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Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

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Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

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Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

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Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

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