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Climat

La hausse du CO2 compromet le développement des moules et huîtres

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Depuis le début de l’ère industrielle, l’océan a absorbé environ la moitié des émissions atmosphériques de gaz carbonique (CO2) imputables à l’homme. En ce début de XXIe siècle, chaque jour plus de 25 millions de tonnes de gaz carbonique se combinent ainsi avec l’eau de mer.

Cette absorption massive de CO2 a comme conséquence une acidification importante de l’eau de mer. Or, l’augmentation des émissions de CO2 atmosphérique suit une courbe exponentielle que rien ne semble devoir ralentir. Aussi, durant le siècle à venir l’acidification des océans devrait se poursuivre à une vitesse au minimum 100 fois supérieure à toute variation naturelle depuis au moins 600 milliers d’années.

Si l’impact de ce phénomène sur les organismes et les écosystèmes marins a longtemps été ignoré par la communauté scientifique, depuis une dizaine d’années, plusieurs travaux internationaux ont montré que l’acidification des océans rendait plus difficile la fabrication de calcaire par les organismes marins tels que les coraux, les algues ou le phytoplancton.

Aujourd’hui, une nouvelle étude confirme ce fait en se concentrant, pour la première fois, uniquement sur les moules et les huîtres cultivées en Europe. Publiées dans la revue Geophysical Research Letters, les conclusions de l’étude sont sans appel et démontrent que ces mollusques d’intérêt économique seront directement affectés par le bouleversement en cours.


Ces moules du bassin d’Arcachon sont utilisées comme indicateurs biologiques du taux de pollution industrielle ou agricole en milieu aquatique. En effet, la biologie peut, en déterminant et en analysant le mécanisme enzymatique que déclenche l’organisme soumis à une substance toxique, détecter rapidement le polluant.

Les chercheurs (1) ont en effet constaté que la calcification de la moule comestible (Mytilus edulis) et de l’huître du Pacifique (Crassostrea gigas) diminuait de manière linéaire avec l’augmentation du CO2 et la diminution du pH de l’eau de mer. La diminution de la vitesse de fabrication de leur coquille serait respectivement de 25 et 10 % pour un taux de CO2 de 740 ppm (parties par million), soit la valeur moyenne attendue pour l’année 2100 (2). A un taux de CO2 supérieur à 1 800 ppm, les moules ne pourraient plus former leur coquille…

Une telle diminution de la calcification devrait avoir des conséquences sur le milieu marin, les moules et les huîtres rendant d’importants services écologiques (leur coquille héberge d’autres espèces, elles contrôlent en grande partie les flux de matière et d’énergie et sont d’importantes proies pour les oiseaux). Aussi, un déclin de ces mollusques aurait des conséquences graves sur la biodiversité des écosystèmes côtiers qui les abritent. Au-delà de cet impact, ce déclin aurait également d’importantes conséquences socio-économiques pour les professions concernées, avec un marché de plusieurs milliards d’euros par an.

Pascal Farcy
Photo © CNRS Photothèque / Philippe Garrigues

1- Frédéric Gazeau, chercheur à l’Institut Néerlandais d’Écologie et ses collègues dont Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-mer (CNRS/Université Pierre et Marie Curie).

2- valeur correspondante au scénario liée au réchauffement planétaire le plus probable, émise par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en février dernier. Actuellement, le taux de CO2 s’élève à 384 ppm.
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Le drapeau du réchauffement climatique

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A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.

Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.

Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.

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 Le réchauffement mondial illustré

Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/

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Le drapeau du réchauffement en France

Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.

Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming

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Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?

Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.

Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.

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 Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?

Photo : Compte Twitter de Brune Poirson

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