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Climat

L’adaptation au changement climatique, encore une épreuve pour les oiseaux !

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Parcourir des milliers de kilomètres, braver les mers et les tempêtes, la migration saisonnière des oiseaux européens avait déjà son compte de difficultés. Mais le changement climatique lance aux migrateurs un nouveau défi : l’adaptabilité.

Une relation entre le déclin de certaines populations d’oiseaux migrateurs et leur capacité de réponse au changement du climat est aujourd’hui établie.

Le « calendrier » des ressources

L’impact du changement climatique sur les êtres vivants semble évident mais reste un phénomène difficile à démontrer. Mis en perspective avec d’autres facteurs, comme la modification des habitats ou la pollution, l’effet « climat » reste souvent sourd. Néanmoins, depuis une étude statistique conduite sur 1 700 espèces végétales et animales, publiée dans la revue Nature en 2003, il est admis que le changement climatique est responsable de modifications dans la biologie et le comportement. Outre un décalage vers le nord des aires de répartition, on note également que 62 % des espèces ont tendance à avancer leur période de reproduction, en moyenne de 2 à 3 jours par décade. On comprend dès lors l’importance de cette donnée sur les oiseaux migrateurs. Pour assurer la survie des jeunes, leur date d’arrivée sur les sites de nidification doit correspondre au pic de nourriture, et notamment quand les insectes sont abondants. Le cas du Gobe-mouches noir est édifiant à cet égard. Cette espèce n’ayant pas modifié ses dates de migration, on observe, aux Pays-Bas, une disparition de 90 % de la population causée par cette désynchronisation avec la période d’éclosion des chenilles, leur principale source d’alimentation.

Plasticité ou déclin

Des réponses aux modifications du climat, et donc au « calendrier » des ressources, ont déjà été observées partout en Europe. En Allemagne, des études ont montré que sur 28 espèces migratrices, 19 d’entre elles ont différé leur départ de 5 à 6 jours. En Angleterre, dans l’Oxfordshire, pour 20 espèces, 17 arrivent en moyenne 8 jours plus tôt (suivi réalisé entre 1971 et 2000). Plus exceptionnel encore, en 2006, des observateurs de la LPO ont noté la présence de l’Hirondelle rustique en plein mois de décembre. Au côté de ce décalage de date, le réchauffement climatique peut aussi avoir pour effet la sédentarisation, comme celle observée chez la Fauvette à tête noire, le Pouillot véloce, et même la Cigogne blanche.

Les mécanismes qui contrôlent la migration, qu’ils soient liés aux conditions environnementales, à la température ou aux hormones, sont complexes, et semblent être propres à chaque espèce. Ainsi, si des populations d’oiseaux sont capables de s’adapter rapidement, de faire preuve de plasticité, d’autres groupes n’ont pas modifié leur comportement migratoire.

Photo ci-contre – Il existe une très forte hétérogénéité dans le comportement des espèces migratrices, et si certaines ont très bien su répondre aux changements, on pense notamment au Grand cormoran ou au Pigeon ramier, d’autres, comme la cigogne noire (photo ci-contre), pourraient bien voir leur situation s’aggraver par manque d’adaptabilité.

Une étude, publiée cette semaine par une équipe de chercheurs européens, dont Anders Moller de l’Université Paris 6, a analysé la situation de 100 espèces d’oiseaux. Toutes n’ont pas décalé leur période de migration. Les scientifiques ont montré que les espèces qui ont connu un déclin de leur effectif entre 1990 et 2000 étaient celles qui n’avaient pas avancé leur date d’arrivée sur le site de reproduction. C’est le cas par exemple du Bruant ortolan ou du Vanneau huppé dont les populations sont en très nette régression.

Un second point soulevé par cette étude est que le risque pourrait être accru pour les espèces au long cours. Des travaux précédents avaient déjà montré que les changements de date sont plus fréquents chez les oiseaux qui migrent sur les courtes distances, inter-Europe comme, par exemple, le Pinson des arbres. Il semblerait que la relation qui existe entre les conditions climatiques sur le site d’hivernage et celles sur le site de reproduction permet aux espèces de mieux ajuster leurs dates de départ. Plus les sites sont éloignés, moins les variations climatiques qu’ils connaissent sont corrélées, et une augmentation saisonnière des températures en Afrique ne correspond pas forcément à un radoucissement en Europe.

Elisabeth Leciak
Photo © Gérard Jadoul-Solon/WWF Belgique

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Le drapeau du réchauffement climatique

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A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.

Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.

Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.

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 Le réchauffement mondial illustré

Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/

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Le drapeau du réchauffement en France

Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.

Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming

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Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?

Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.

Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.

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 Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?

Photo : Compte Twitter de Brune Poirson

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