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INTERVIEW

Agriculture bio : interview du président en Ile de France

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Univers-nature – Ce que vous gagner sur le non-achat des produits de traitement et autres, suffit-il à compenser la perte de rendement ?

Jacques Frings - Le produit bio est un peu plus cher à la production que le produit « chimique » pour différentes raisons, quand c’est une baisse de 50% du rendement ça grève énormément le chiffre d’affaire étant donné que nous avons tout un tas de charges qui sont identiques, main d’oeuvre, matériel, etc. Le poste engrais et pesticide qui représente peut-être 20% du chiffre d’affaires dans les cultures classiques ne va pas compenser la chute de 50% du rendement. Pour des produits comme le maraîchage par contre il y a moins de baisse de rendement, mais plus de frais de main d’oeuvre pour le désherbage. Maintenant il faut voir ce que le consommateur a comme produit, avoir un kilo de poireaux hyper gonflé et chargé en nitrate et un autre kilo dans lequel il y a plus de matière sèche et moins d’eau, qui va être plus équilibrée cela ne se mesure pas, c’est la réelle valeur nutritionnelle.Corinne Lepage -

Univers-nature – Il y a des champs autour de vous et pas forcément des champs bio, comment cela se passe lorsque ils traitent.

Jacques Frings - J’ai soigné mon environnement, derrière c’est une forêt, à droite c’est un hameau avec les jardins des particuliers, de l’autre coté c’est un ru avec une haie naturelle et le 4 ème côté, c’est moi qui ai planté une haie pour me protéger, mais c’est sûr qu’il y a une pollution ambiante à laquelle on n’échappe pas, mais elle est minime en quantité par rapport à la pollution directe dans l’emploi des pesticides et autres.

Univers-nature – Êtes-vous autant subventionné que l’agriculture classique, et y a t’il une volonté de promouvoir la bio ?

Jacques Frings - Oui il y a tout de même une volonté politique qui émerge pour développer la bio depuis quelque temps et on espère que vont se mettre en place les aides qu’on trouve justifiées lorsque l’on cultive propre. Pour l’instant on n’est pas tellement rémunéré pour le fait que l’on ne pollue pas les sols. Il y a des primes à la conversion. Quand un agriculteur se lance dans la bio, pendant 2 ans il doit cultiver bio sans pouvoir vendre ses produits dans le circuit bio.

Univers-nature – Il ne peut pas vendre bio parce que le sol est considéré comme pas sain

Jacques Frings - Oui c’est ça, c’est défini dans le cahier des charges, sauf quand c’est des friches. On considère qu’il faut bien 2 années de reconversion histoire d’épurer un peu le stock de produits chimiques qu’il y a dans le sol !

Univers-nature – Peut-on espérer un jour, une agriculture entièrement bio nourrissant la population mondiale ? Est-ce viable ?

gamme de produits bioJacques Frings - C’est viable pour certains pays. Dans les pays en voie de développement c’est plus viable de faire de la bio ; utiliser des engrais et des pesticides ils en reviennent beaucoup, parce que pour eux il vaut mieux trouver des techniques naturelles qui sont un peu plus consommatrices de main d’oeuvre, pour eux la main d’oeuvre ce n’est vraiment pas un problème, c’est même ce qui leur revient le moins cher, plutôt que de se payer des sacs d’engrais ou des bidons de produits chimiques. Donc pour une bonne partie du monde c’est sûrement une très bonne solution. Pour nos agricultures très industrialisées, qui nous imposent à nous même aussi, d’avoir des résultats économiques et de productivité très importants c’est quand même assez difficile. On pourrait généwraliser la bio, dire oui c’est bien, faut faire de la bio partout, mais ce serait un peu utopique parce que les contraintes sont quand même très lourdes. Par contre la bio c’est un laboratoire fantastique pour expérimenter les alternatives à la culture intensive et si je ne veux pas prétendre qu’il faut que toute la France cultive bio, il y a en tout cas une voie intermédiaire entre la bio stricte et la culture industrielle qui devrait avoir largement sa place même en France ; une place économiquement viable et bonne pour la qualité des produits et bonne pour l’environnement.

Univers-nature – Et si c’était à refaire ?

Jacques Frings - Je le referais beaucoup mieux, car j’ai énormément appris. On a dû apprendre nous même sur le terrain ; on parlait d’aides tout à l’heure, là où il n’y a pas eu d’aide depuis 20 ans en agriculture biologique c’est dans la recherche et le développement, il n’y a vraiment rien eu ; et ceux qui font de la bio depuis 20 ans, ont vraiment expérimenté et défriché des techniques tout seuls dans leur coin.

Univers-nature – Ce qui veut dire que les laboratoires de l’INRA ne vous sont d’aucune utilité !

Jacques Frings - On ne va pas dire cela comme ça, mais il y a des budgets énormes pour la recherche de l’agriculture intensive alors que le budget dépensé pour expérimenter et découvrir des pratiques de culture bio est ridicule. Il y a quelques chercheurs de l’INRA qui peuvent être intéressés et qui nous sont utiles.

Univers-nature – Si on vous dit plante génétique, ça vous inspire quoi ?

Jacques Frings - Les bios se sont prononcés contre par sécurité, pour le refus d’être complètement sous la coupe de producteurs de semence, par indépendance, par sécurité alimentaire, voilà de bonnes raisons d’être complètement contre.

Univers-nature – Que pensez-vous de l’agriculture actuelle ?

Jacques Frings - Rire !

Univers-nature – Allez-y, lâchez-vous !

Jacques Frings - J’ai un peu de mal à me lâcher parce que je préside le groupement d’agriculteurs biologiques de la région Ile de France et donc je fais partie du milieu agricole quand même et je suis pas complètement libre pour taper sur le dos de l’agriculture. Il ne faut pas dire que toute l’agriculture est complètement polluée, il y a des agriculteurs qui travaillent quand même bien, avec les méthodes qu’on leur donne. On ne leur donne pas vraiment d’alternative, on leur dit de produire, avec l’endettement qu’ils peuvent avoir, ils sont obligés de sortir du chiffre d’affaire, ils sont dans un engrenage … en fait si j’ai quelque chose à critiquer c’est le système qui est trop verrouillé dans le sens d’une agriculture qui utilise les produits chimiques et ça parce que dans les lobbies agricoles il y a un poids des industries chimiques qui pousse à conserver ces orientations.

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Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

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Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

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Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

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Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

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Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

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Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

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