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Pollution - Déchêts

Interview : l’économie circulaire en question

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L'économie circulaire s'inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels

L’économie circulaire s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels

Jean-Claude Levy est historien, géographe et spécialiste de la Chine ; En octobre dernier, il a reçu une mission d’un an sur l’économie circulaire par Pascal Canfin, Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères, chargé du Développement en tant que conseiller spécial auprès du Délégué pour l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales. Il nous donne quelques éclairages sur l’économie circulaire.

1/ Qu’est ce que l’économie circulaire ?
« L’économie circulaire est un mode de développement économique basé sur la prise en considération du flux des matières, qui exige le respect des principes écologiques et une utilisation rationnelle des ressources naturelles pour assurer un développement durable. Ce type de développement est principalement basé sur l’application des 3R dans le traitement des déchets (réduction, réutilisation, recyclage). L’éco conception en est néanmoins un véritable préalable pour emprunter le moins à la nature et lui rendre le plus, dans les limites thermodynamiques des flux de la matière. En regard de l’évolution des écosystèmes, l’économie circulaire ne saurait advenir enfin sans considérations d’ordre social et sans planification territoriale écologique.

2/ Quels sont les bénéfices économiques de l’économie circulaire? Ce secteur est-il créateur d’emplois ?
La question des bénéfices est une vraie question. Les expériences les plus évoluées dans ce domaine n’ont à ma connaissance pas apporté la réponse. Nous ne disposons ni de bilan financier ni de bilan matière même pour des projets assez vastes car on se heurte à des questions de méthodologie. En termes d’emplois, le problème est le même. Comment évaluer la seule part de l’économie circulaire ? Mais l’Ademe communique sur un potentiel en France de 3 à 400.000 emplois liés à l’économie circulaire.

3/ Peut-on quantifier le poids de l’économie circulaire dans l’économie française ?
Et non, on ne connait pas aujourd’hui le poids économique de l’économie circulaire qui s’en tient pour beaucoup à la problématique des seuls déchets. Il faudrait additionner l’écologie industrielle (la cogénération en est un exemple très intéressant) mais aussi les projets agroalimentaires avec la biomasse et la méthanisation. Il y a un vrai chantier devant nous parmi lesquelles la planification territoriale et l’écologie industrielle ont un rôle important à jouer.

4/ Quels sont les leviers à lever pour favoriser sa croissance ?
Aujourd’hui, les blocages sont principalement économiques, politiques et organisationnels. Pour favoriser sa croissance, il faut miser sur la Recherche & Développement et la planification territoriale dans laquelle des acteurs privés interviennent avec parfois des intérêts financiers aux antipodes de ces objectifs. De cette façon, comment les stratégies politiques peuvent lever ces contradictions ?

5/ Vous parlez des nouvelles technologies et de leur rôle notamment en Chine dans la mise en place des outils pour l’économie circulaire. Qu’en est-il en France ? Leur développement est-il suffisant pour favoriser l’économie circulaire ?
Scientifiquement, on a toutes les cartes pour jouer et aller dans le bon sens mais on fait face à un manque de connexions, de passerelles entre les différents domaines à mettre en lien. Il faut mettre en place une véritable stratégie organisationnelle pour interconnecter les différents éléments qui composent l’économie circulaire.

6/ Quelle échelle de gouvernance vous semble la plus pertinente pour mettre en place un système d’économie circulaire. L’échelle locale et les collectivités territoriales doivent-ils y tenir un rôle de premier plan ?
A l’horizon 2050, près de 75% de la population mondiale vivra en ville. L’ « écoville », l’ « éco quartier » ou encore l’agglomération se traduisent aujourd’hui par des pouvoirs locaux qui pèsent de plus en plus au niveau national et international dans ces systèmes enchevêtrés donc oui, l’échelle territoriale est importante du fait de son fonctionnement actuel. Les échelles de la gouvernance d’un système d’économie circulaire correspondent il me semble à des niveaux d’organisation enchevêtrés, du local au global.

L'économie circulaire s'inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels

L’économie circulaire s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels

Source schéma : « L’économie circulaire : urgence écologique ? Monde en transe, Chine en transit », Jean-Claude Levy. 2009, Ed. Presses de l’école nationale des Ponts et chaussées

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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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