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Pollution - Déchêts

Communication brumeuse quant aux émissions d’incinérateurs

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Procédé visant à réduire le volume de déchets solides, le traitement par incinération repose sur la combustion de déchets généralement mélangés, incluant les ordures ménagères mais également les déchets industriels banals et les DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux). En France, on recense 127 incinérateurs en 2011, soit un tiers du parc européen. En 2009, plus d’un tiers des déchets municipaux étaient incinérés. Selon le Cniid (1), les rejets annuels de CO2 des incinérateurs français représentent l’équivalent en CO2 de 2,3 millions de voitures.

Avant 2002, aucune limitation n’était imposée aux incinérateurs et leurs émissions n’étaient pas contrôlées en France. En 2000, une directive européenne fixe pour la première fois des normes d’émissions pour les incinérateurs, dont la transposition dans les Etats membres s’organise courant 2001. Pendant cette période de transposition, éclate le scandale de la contamination à la dioxine par l’incinérateur de Gilly-sur-Isère. En effet, des concentrations de dioxine 750 fois supérieures aux normes européennes de 2000 sont alors relevées autour de cet incinérateur savoyard. Outre la contamination des troupeaux et des produits laitiers, 82 cancers sont constatés à proximité de l’usine. En réaction, 200 riverains décident de porter plainte. Mais le temps de latence entre l’exposition à des substances cancérigènes comme les dioxines chlorées et l’apparition de la maladie ne permet pas, hier comme aujourd’hui, aux scientifiques d’établir un lien de causalité irrécusable. Dès lors, l’argument de la mise en danger de la vie d’autrui n’a pu être retenu.

En 2002, paraît le premier arrêté fixant des normes d’émissions contraignantes aux incinérateurs, en transposition de la directive européenne de 2000. Comme l’a souligné le Cniid, si l’affaire de l’incinérateur de Gilly n’a pas déclenché l’adoption de cette réglementation, il en a, probablement, été un élément déclencheur, en initiant un débat « santé et incinération ».

Malheureusement, la mise en place de cette réglementation, de même que le nouvel arrêté incinération d’août 2010 obligeant à un prélèvement en semi-continu des dioxines, n’ont pas apporté plus de garantie. D’une part, l’arrêté de 2002 ne réglemente qu’une vingtaine de polluants (dioxines et furanes, 9 métaux lourds etc.) sur plus de 2000 molécules mesurées en sortie de cheminée. Mais surtout, selon une récente enquête du Cniid, 95 % des exploitants d’incinérateurs ne communiquent pas leurs émissions de dioxines et furanes (2), malgré un seuil d’activité toxique de ces substances extrêmement bas. De même, les émissions des métaux lourds, des oxydes d’azotes ou encore du monoxyde de carbone ne sont que très rarement complétées. Pourtant, l’absence de déclaration ou une déclaration incomplète est théoriquement passible de sanctions pour les installations classées soumises à autorisation, à l’instar des usines d’incinération. Un laxisme inquiétant alors que l’incinération génère des fumées à hauteur de 6000 m3 par tonne de déchets brûlés, sans compter des résidus solides et des effluents liquides.

Cécile Cassier
1- Centre national d’information indépendante sur les déchets.

2- Les dioxines et les furanes désignent un groupe de produits chimiques qui se forment au cours de certains processus de combustion comme l’incinération des déchets, la production d’énergie, la production de métaux et l’utilisation de combustible. Ces composés se retrouvent en faibles quantités dans l’air, l’eau et le sol. Vu leur persistance et leur présence chimiques dans l’environnement, ils entrent aussi dans la chaîne alimentaire. L’être humain est surtout exposé aux dioxines et aux furanes par l’alimentation.
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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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