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INTERVIEW

Interview du président de la ligue de protection des oiseaux

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Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux – LPO (avril 1999)

Univers-nature – Pouvez-vous vous présenter et nous dire quel a été votre parcours ?

Allain Bougrain-Dubourg - A 10 ans, je créais un « Club des Jeunes Amis des Animaux », plus tard, une exposition itinérante sur le thème de la protection de la Nature.
A l’époque j’exhibais les « mal aimés de la faune » (rapaces et reptiles) puis j’ai arrêté : je ne supportais plus de voir ces ambassadeurs de la vie sauvage réduits à la captivité. C’est alors que la télévision m’a proposé de venir parler d’animaux, cela fait plus de 20 ans…
Entre-temps, j’ai accepté d’être président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux.

Univers-nature – Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer uniquement sur la protection des oiseaux, alors que de nombreuses autres espèces animales sont en voie de disparition, sans même que le grand public en soit informé ?

Allain Bougrain-Dubourg - Des bébés phoques au Canada, en passant par l’expérimentation animale, les animaux de boucherie, ceux du spectacle, le commerce de l’ivoire, les trafics en tous genres et bien d’autres, je crois avoir abordé tous les dossiers et je continue bien souvent de m’y investir.
Mais, lorsque la LPO m’a proposé d’assumer la responsabilité de cette association, j’ai ajouté cette priorité. En fait les choses sont souvent liées.

Univers-nature – La pétition pour une meilleure protection des oiseaux migrateurs circule beaucoup. Où en est-on actuellement au niveau du nombre de signatures et quel est l’objectif visé quant à ce nombre ?

Allain Bougrain-Dubourg - Tout d’abord merci pour le relais efficace qu’ Univers Nature apporte à cette pétition.

Il ne faut pas désarmer car nous devons faire entendre la voix de ceux qui se battent pour la vie. Actuellement, nous avons recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures. Il faut poursuivre. Chacun d’entre nous peut profiter de l’occasion pour s’investir au bénéfice de la faune. Chaque signature compte pour que vivent les oiseaux.

Univers-nature – La France est de loin le pays où les chasseurs sont les plus nombreux (presque 10 fois plus qu’en Allemagne, pour ne citer qu’un exemple). Ils sont de plus, extrêmement bien organisés, avec même un parti politique ….
Que vous inspirent cet état de chose et l’attitude des pouvoirs publics à leur égard ?

Allain Bougrain-Dubourg - C’est vrai que les chasseurs français sont remarquablement organisés et que, face à eux, les associations de Protection de la Nature n’ont pas su – notamment – sensibiliser les hommes politiques. Un décalage préjudiciable s’est donc installé, les hommes de pouvoir n’ayant trop souvent qu’un son de cloche. Aujourd’hui, nous remédions à cette situation en les rencontrant, les uns après les autres, afin de les informer sur la fragilité du milieu naturel. C’est un travail de fourmi qui portera, à termes, ses fruits. Mais que de temps passé à faire valoir ce qui reste élémentaire !

Univers-nature – D’après les chasseurs, sans eux la faune sauvage serait extrêmement réduite, ainsi grâce à ce discours ils se positionnent en protecteurs de la nature. Leurs fédérations vont même jusqu’à condamner le tir d’espèces protégées, en prenant soin à chaque fois, de dire qu’il s’agit d’action isolée. Face à cette attitude peu de réactions !

Allain Bougrain-Dubourg - Je conviens que certains chasseurs qui se prétendent « les meilleurs protecteurs de la nature » ne manquent pas de culot ! Car en vérité, ils devraient commencer par mettre un terme aux abus de la chasse comme ces huttes de chasse implantées en plein coeur des réserves du platier d’Oye et de la baie de Canche, comme l’hécatombe des pigeons ramiers, en mars, au col de l’Escrinet (Ardèche) alors que la chasse est fermée ou encore comme les 30000 tourterelles massacrées en 23 jours dans le Médoc, en mai, alors que la chasse est également fermée !
Cela dit, quelques chasseurs (ils sont peu nombreux) ont compris qu’il fallait changer les choses. Une association, l’ANCER (Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable), s’est même constituée pour se battre contre tous les abus. Evidemment les « extrêmes chasse » n’apprécient pas.

Univers-nature – La LPO, mais également les autres organisations de protection de la nature, sont-elles censurées par les médias ou ne communiquent-elles pas suffisamment, pourquoi ?

Allain Bougrain-Dubourg - On ne peut pas parler vraiment de censure mais plutôt de déficit de communication. En fait, la presse s’attache surtout aux événements spectaculaires. Greenpeace l’a bien compris en illustrant ses dossiers par des actions très médiatiques.
Par ailleurs, il faut noter que les chasseurs disposent de gros budgets pour communiquer. Il suffit de voir l’argent investi dans la série télévisée d’Histoire Naturelle.

Univers-nature – Quelles sont les relations de la L.P.O. avec les autres organismes de protection au niveau européen et mondial, menez-vous des actions communes ?

Allain Bougrain-Dubourg - La LPO a mis en place un service international. Par définition, beaucoup d’oiseaux n’ont pas de frontière, il faut donc avoir un regard élargi si l’on veut les protéger. Par ailleurs, la LPO représente en France Birdlife International qui est un organisme mondial consacré à la préservation de l’avifaune. Nous agissons donc partout dans le monde où l’oiseau est en état de fragilité : il y a du pain sur la planche.

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Energie

Interview : le concept Ecowatt pour lisser les pics de consommation

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Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

Des éco-gestes simples sont à adopter pour éviter les pics de consommation

ÉcoWatt Bretagne est une démarche éco-citoyenne et gratuite qui a pour objectif d’inciter les bretons à modérer leur consommation d’électricité, en particulier en hiver, le matin et entre 18h et 20h. Sandrine Morassi, responsable de la communication répond aux questions d’Univers Nature.

1/ Pouvez-vous nous présenter le concept d’Ecowatt ?

Le dispositif ÉcoWatt déclenche des alertes lors des périodes à risques, dans l’esprit des journées vertes, orange ou rouges de Bison futé, afin d’inviter tous les bretons à pratiquer les bons gestes énergie.
Pour recevoir gratuitement ces alertes (par mail, sms, appli mobiles…) et ainsi procéder aux Eco’gestes, il suffit de s’inscrire depuis le site internet dédié : www.ecowatt-bretagne.fr
Aujourd’hui, la démarche compte plus de 50 000 inscrits.

2/ Comment a t-il vu le jour ? Ce dispositif peut-il être étendu aux autres régions françaises ?

La démarche ÉcoWatt Bretagne a été initiée en novembre 2008 par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et ses partenaires (la Préfecture de Région Bretagne, le Conseil régional de Bretagne, ERDF et l’ADEME), pour répondre aux risques de coupures d’électricité en Bretagne, lors des pics de consommation.
Ce dispositif a été mis en place en raison de la fragilité électrique que connaît la Bretagne. En effet, avec une croissance de la consommation électrique supérieure à la moyenne nationale, la Bretagne est dans une situation fragile : véritable péninsule électrique, la région est située en « bout de réseau », l’électricité devant être acheminée sur de longues distances depuis les centrales principalement situées dans la vallée de la Loire. La production est par ailleurs loin de couvrir tous les besoins, la région ne produisant que 11% de l’électricité qu’elle consomme. Dans ce contexte, les risques de coupures peuvent survenir, lors des pointes de consommation en hiver, notamment en cas d’incident sur un moyen de production ou sur le réseau électrique.
Aujourd’hui, il existe en Bretagne et en région PACA (www.ecowatt-paca.fr), les deux seules régions en France qui connaissent une situation de péninsule électrique.

3/ Le but est de lisser les pics de consommation ? Comment cela fonctionne ?
Les risques de coupure interviennent lors des pics de consommation en hiver, qui ont lieu en Bretagne le matin et le soir (entre 18h et 20h). L’enjeu est donc d’inviter les bretons à procéder aux bons gestes sur ces instants, afin de contribuer à baisser ces pointes et donc à lisser la courbe de consommation sur la journée.

4/ Quels sont les résultats dont vous disposez sur les précédentes éditions ?

A titre d’exemple, nous avons pu évaluer que, lors de la vague de froid de février 2012, les effets des gestes des inscrits durant les 7 jours de froid, se sont traduits par une réduction de la consommation qui a pu atteindre jusqu’à 2 à 3% aux heures les plus chargées, l’équivalent de la consommation cumulée des villes de Quimper, Saint-Malo et Vannes.

5/ Quelles sont les principales actions que les particuliers peuvent mettre en place pour réduire leur consommation électrique ?

Pour réduire la consommation lors des pics, il existe des gestes simples à mettre en place à la maison ou sur le lieu de travail : il s’agit par exemple d’éviter pendant le temps de l’alerte d’utiliser la machine à laver, le lave-vaisselle ou le four ; pour le chauffage électrique, de baisser le thermostat…

6/ Quel rôle peuvent jouer les énergies renouvelables dans ce système ? Quelle part représentent les énergies renouvelables au niveau régional ?

Le déclenchement d’une alerte EcoWatt dépend des prévisions de consommation réalisées par RTE, à partir de plusieurs paramètres : consommation, production, disponibilité du réseau, météo. La production émise par les énergies renouvelables est donc prise en compte. Toutefois, du fait de son intermittence, cette production est plus difficilement prévisible qu’une production classique. Aujourd’hui, RTE dispose d’un outil IPES (Insertion de la Production Eolienne et photovoltaïque sur le Système). Installé dans les dispatchings (les « tours de contrôle de l’électricité »), cet outil permet de disposer d’une prévision de production éolienne et photovoltaïque heure par heure pour la journée en cours et le lendemain, en fonction des prévisions de vent et d’ensoleillement.

La production des énergies renouvelables en Bretagne en 2012 représentait 89% de la production totale d’électricité en Bretagne.

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Habitat

Interview avec Vidal Benchimol, auteur de « Vers un nouveau mode de ville»

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Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens.

Le quartier BedZED à Londres, un des premiers écoquartiers européens. Une nouvelle forme d’habitat qui se développe.

En 2007, dans un contexte de crise écologique et économique, Vidal Benchimol conçoit les « Écofaubourgs », un concept d’habitat collectif écologique. Il vient de publier l’ouvrage « Vers un nouveau mode de ville », aux Éditions Alternatives, co-écrit avec Stéphanie Lemoine qui souhaite dresser un état des lieux des tendances et un inventaire des pratiques contemporaines de la fabrique de la ville.

Votre livre s’appelle vers un nouveau mode de ville, quel est selon vous le visage de la ville contemporaine ?

En Europe, la ville contemporaine est en pleine transformation. Les élus et les urbanistes voient bien que les modèles d’aménagement fondés sur la séparation des fonctions urbaines (on mange d’un côté, on travaille ailleurs, etc.), et qui ont prévalu ces cinquante dernières années, ne marchent pas. Il faut inventer autre chose ! C’est ce à quoi s’emploie l’urbanisme durable, qui cherche à rendre la ville plus compacte, plus économe en ressources et plus solidaire

Quelles sont les principales mutations (habitat, mobilité, mode de consommation) qu’opère la ville depuis quelques décennies ? En quoi la ville évolue à l’aune des problématiques environnementales ?
Les transformations les plus visibles ces dernières années sont liées à la nécessité de maîtriser l’énergie. Dans le bâtiment, cela se traduit par l’adoption de réglementations thermiques plus contraignantes. Depuis l’an dernier, la RT 2012 oblige ainsi les maîtres d’ouvrage à concevoir des bâtiments 4 fois plus performants qu’un immeuble haussmannien. De la même manière, les métropoles cherchent de plus en plus à encourager les alternatives à la voiture, que ce soit via l’offre de transports en commun et de vélos en libre service ou l’aménagement de zones 30. L’objectif est de grignoter petit à petit l’espace dévolu à la voiture, en vue d’un meilleur partage modal.

Quels sont les principaux défis qui attendent la ville actuelle pour devenir « durable » ?
L’adaptation au changement climatique, avec ce qu’elle implique d’incertitude, est l’un des premiers défis auxquels doit s’affronter la ville contemporaine. Pour y faire face, les villes ont tout intérêt à devenir résilientes : elles doivent diversifier leurs modes de production, leur approvisionnement, et apprendre à compter sur les ressources locales. D’où les projets d’agriculture urbaine qui fleurissent un peu partout, mais aussi l’essor des circuits courts et de la consommation collaborative…

Selon vous, quelles sont les initiatives actuelles les plus pertinentes pour la fabrique de l’espace urbain ?
Toutes celles qui s’opposent à l’aménagement « autoritaire » de la ville, et conçoivent l’écologie urbaine en relation étroite avec la démocratie locale. Si la fabrique de l’espace urbain n’est pas le fruit d’une négociation, et même pourquoi pas d’un conflit fécond entre décideurs et citoyens,  elle a peu de chance de déboucher sur un cadre de vie vraiment durable.  A cet égard, l’exemple des écoquartiers nord-européens est édifiant : ceux qui parviennent le mieux à concilier qualité de vie et économie de ressources sont nés d’une implication forte de leurs habitants, et parfois d’un bras de fer corsé avec la municipalité…

Quels sont les freins actuels au développement de la ville durable ?
Ils sont nombreux ! La crise économique, qui a partiellement détourné les citoyens des enjeux écologiques, en est un. Certains voient pourtant dans cette crise une conséquence de nos choix énergétiques. La ville contemporaine est aussi de plus en plus clivée socialement. Dans ces conditions, la mixité sociale, même avec ce qu’elle a de compliqué à mettre en œuvre, devient un véritable enjeu…

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Habitat

« On ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies »

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Projet " Modulife" d'habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Projet « Modulife » d’habitat économe en énergie. Crédit : Philippe Bovet

Olivier Silder et Philippe Bovet, deux spécialistes de l’énergie et de l’habitat viennent de publier l’ouvrage «  Bâtiments performants. Des constructeurs relèvent le défi du réchauffement climatique » aux éditions Terre Vivante. Philippe Bovet a répondu aux questions d’Univers Nature sur l’enjeu que représente l’habitat dans la transition énergétique.

1/ Qu’est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

D’abord la rencontre avec Olivier Sidler, un des énergéticiens les plus compétents d’Europe et un excellent pédagogue pour toutes ces questions énergétiques. Ensuite connaître ces décideurs qui ont compris que la donne énergétique avait changé et qu’on ne peut plus construire aujourd’hui comme il y a quelques années ou décennies.

2/ Sur quels critères avez-vous sélectionné les bâtiments ?

Des critères essentiellement géographiques, afin que nous n’ayons Olivier et moi-même peu à nous déplacer. Tous les entretiens ont eu lieu dans un triangle Paris-Valence-Mulhouse. Olivier habite dans la Drome et moi à Bâle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exemples intéressants en Bretagne ou à Toulouse, mais pour nous cela évitait des déplacements inutiles et nous permettaient aussi d’être cohérents en matière d’énergie et de transports.

3/Quels sont les freins actuels à lever pour favoriser la transition énergétique dans ce secteur ?

Comme je l’explique dans l’introduction, la forte inertie des mentalités entraine une certaine difficulté pour mettre en place le changement. Aussi, on relève des freins réglementaires comme la garantie décennale (qui protège pendant 10 ans après la livraison l’acquéreur contre tout vice de construction) qui opère comme un frein à l’innovation, des freins liés à à la formation et au manque de compétences de certains corps de métiers ainsi que des difficultés de financement.

4/ Quel projet a particulièrement retenu votre attention ? Pourquoi ?

Tous sont intéressants car différents. De la maison individuelle rénovée à l’immeuble neuf de bureaux à énergie positive de la ZAC de Bonne. Cette diversité montre qu’un changement est possible dans tous les secteurs du bâti et rapidement si on le veut et si on s’en donne la peine.

5/ En moyenne, quel est le surcoût pour construire des bâtiments basse consommation ?

On doit ne pas parler de surcoût, mais de surinvestissement, mais avoir ensuite des factures énergétiques plus faibles. Il y a de multiples surcoûts acceptés et jamais remis en cause, comme les places de parkings en grande partie inutile dans les centres urbains bien desservis par les transports en commun. Ou encore une entrée d’immeuble en marbre, alors que d’autres matériaux peuvent être choisis. Et au delà, le dérèglement climatique nous oblige à agir. Quand quelqu’un se noie et qu’on doit lui jeter une bouée, on ne discute pas du prix de celle-ci.

 6/ C’est quoi pour vous un bâtiment intelligent ?

C’est avant tout un bâtiment low-tech (et non high-tech) performant. Il ne faut empiler les systèmes énergétiques et avoir des bâtiments complexes.

7/ La prochaine RT 2020 qui généralisera le Bepos est-elle une réponse suffisante pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 fixés par la France ?

Absolument pas puisque nous émettons du CO2 selon 4 axes: l’habitat, les transports, les achats et les déchets. Le bâtiment n’est donc qu’un des 3 secteurs. De plus le bâtiment neuf ne représente qu’1% du parc annuel de logement mis en chantier, il faut absolument s’attaquer à la rénovation du parc existant.

 

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