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Pollution - Déchêts

Baisse de la collecte publique des déchets : des progrès à relativiser

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Depuis une dizaine d’années, on observe une baisse de la collecte des déchets assurée par les collectivités au sein des grandes villes. En France, si la production de déchets par habitant et par an a doublé depuis 1960, favorisée par l’essor de la consommation de masse, la production annuelle d’ordures ménagères s’est finalement stabilisée entre 2000 et 2009 autour de 420 kg/hab. Elle a même régressé dans le cas de l’agglomération parisienne, passant de 482 à 414 kg/hab. Ce constat s’observe également dans d’autres grandes villes européennes. Ainsi, à Berlin, la collecte de déchets a enregistré une baisse de 20 % entre 1999 et 2004, marquant une évolution encore plus marquée que celle de l’agglomération parisienne (-5 % entre 2000 et 2005). Dans le cas de la capitale allemande, la baisse ne vient pas de la collecte des tonnages rejetés par les ménages, mais de celle des activités commerciales, des déchets de voirie et des encombrants collectés par la ville.

Afin de déterminer s’il faut y voir une tendance durable ou une répercussion de la crise économique, le Syndicat de traitement des ordures ménagères de Paris et sa région (Syctom) a demandé au CREDOC (1) de mener une enquête. Communiqués courant février 2011, les résultats de cette étude, observés dans diverses grandes villes françaises (Paris, Lille, Lyon etc.) et européennes (Berlin, Londres etc.), attestent d’un ensemble de facteurs propres aux grands centres urbains.

Selon le rapport, les fluctuations de la conjoncture économique ne sont certes pas étrangères à cette tendance à la baisse, et constituent même la première explication des variations de

tonnages de déchets collectés. Au niveau national, cette répercussion ne s’est ressentie qu’à partir de 2008. En revanche, l’évolution de la collecte propre à l’agglomération parisienne a suivi très précisément les variations de l’indicateur de l’Insee sur la propension des ménages à s’engager dans des achats importants. Si cette corrélation se vérifie plus particulièrement dans les grandes villes que sur le reste du territoire, c’est en raison du niveau de consommation plus élevé que la moyenne qui caractérise les populations vivant en métropole.

Toutefois, l’argument économique n’est pas le seul à entrer en jeu. La multiplication des circuits de collecte spécialisés a également changé la donne. Ainsi, les déchets portés en déchetteries par les particuliers ou confiés à des prestataires spécialisés par des commerces et services représentent autant de tonnages qui ne sont pas ramassés par les bennes à ordures de la collecte publique. Au niveau national comme dans les grandes villes, le mouvement de création des déchetteries par les communes a été très dynamique entre 1995 et 2003, se stabilisant depuis 2005. Au cours des dix dernières années, la progression des tonnages issus de ce circuit de collecte a été plus importante que la progression des tonnages issus des collectes séparatives (tri sélectif des déchets). Aussi, la baisse de la collecte publique ne rend-t-elle pas forcément compte de l’évolution globale de la production de déchets sur le territoire.

Enfin, diverses tendances ont appuyé une réduction de la production de déchets à la source, à l’instar de la miniaturisation des produits, de l’essor de la multifonctionnalité des appareillages, de la diminution du poids des emballages. Ont également influé dans ce sens la diffusion de la micro-informatique et la numérisation de nombreux support, ainsi que la tertiarisation de l’économie. Cette dernière a, en effet, favorisé de manière indirecte la baisse de production de déchets, notamment en orientant davantage la consommation des ménages vers plus d’achats de services et moins d’achats de biens matériels.

Cécile Cassier
1- Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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