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Plaisir du palais vénéré par bon nombre de mortels, le renommé chocolat suisse pourrait voir fondre son image bienfaisante. Friands du produit final, nous autres, consommateurs, oublions souvent que derrière la tablette et luf de Pâques, se cache tout un travail de récolte, de fabrication et de transformation des matières premières. Or, si lon sen réfère à la campagne nationale dinformation initiée par lassociation suisse la Déclaration de Berne (BD), « Chocolat suisse : le scandale du travail des enfants », les plantations de cacao dAfrique de lOuest, où sapprovisionnent majoritairement les multinationales suisses du secteur, font travailler des enfants dans des conditions déplorables.
Bien que les estimations varient beaucoup dune source à lautre, une étude du Programme des cultures pérennes (STCP) de lInstitut international dagriculture tropicale (IITA) estime à plus de 250 000 le nombre denfants travaillant dans les plantations en Afrique de lOuest. Plus de 60 % de ces enfants sont âgés de moins de quatorze ans. Outre des horaires de travail éprouvants, les enfants pouvant travailler jusquà douze heures daffilée en période de récolte, ces jeunes travailleurs sadonnent à des travaux potentiellement dangereux. Près de la moitié dentre eux, manipulent des pesticides sans protection. Ils utilisent, en outre, des machettes pour lécabossage (1), pour déraciner les arbres et déboiser des buissons afin détendre les surfaces cultivables. Selon la BD, les conditions de vie varient beaucoup dune exploitation à lautre, certains étant correctement nourris alors que dautres seraient exposés à des dommages corporels.
Produisant près de 40 % de la production mondiale de cacao (2), la Côte dIvoire est le pays le plus touché par lexploitation des enfants.
Généralement embauchés contre la promesse dune rémunération ou dune éducation, certains sont vendus, donnant lieu à un circuit de traite denfants. Les pays dorigine de cette traite, comme le Mali, le Burkina Faso, le Togo ou encore le Bénin, sont plus conscients de la problématique que les pays de transition ou de destination, comme la Côte dIvoire, bien que cette dernière sapprête à publier un rapport sur les enfants envoyés dans ces plantations. Un communiqué du ministère de léconomie et des finances de la République de Côte dIvoire, daté du 30 mai 2005, reprend des études attestant que, bien que la majorité des exploitations africaines de cacao soient des exploitations familiales, nombreux sont les enfants travailleurs à ne pas avoir de lien avec les planteurs de cacao.
Rester vigilants
La surexploitation des enfants au sein des plantations de cacao nest pas récente. Bien que très peu relayés par les médias, une étude de lUNICEF et le rapport du Département des Droits de lhomme des Etats-Unis sur la culture du cacao en Afrique de lOuest, publiés respectivement en 1998 et 2001, attirèrent lattention des gouvernements, de lindustrie chocolatière et des organisations internationales sur cette question cruciale. En 2001, le Protocole Harkin- Engel est conclu aux Etats-Unis avec lindustrie chocolatière visant, daprès lOIT (3), à « mieux détecter les pratiques abusives de travail des enfants dans les zones de culture du cacao en Afrique de lOuest et, surtout, à mieux les traiter ». A compter de la signature du protocole, les différents acteurs de lindustrie du chocolat, signataires, eurent jusquau 1er juillet 2005 pour répondre aux attentes du moratoire. Une fois ce délai passé, les pays producteurs devaient être en mesure de garantir le non recours à certaines pratiques telles que la vente, la traite ou la maltraitance des enfants. Si tel nétait pas le cas, le marché américain sengageait à interdire limportation du cacao en provenance des pays producteurs contrevenants, notamment la Côte dIvoire. De quoi inquiéter les producteurs ivoiriens alors que le marché américain absorbait annuellement plus de 30 % de la production nationale de fèves de cacao en 2005, aux dires du ministère ivoirien de léconomie.
De grands groupes industriels, tels que Nestlé et M&M / Mars, signèrent le protocole. Mais, léchéance de 2005 arriva sans quaucune avancée réelle nait été engagée. Lindustrie chocolatière demanda alors une prolongation de trois ans. En juin 2008, les exigences étant toujours restées sourdes, un délai supplémentaire leur fut accordé à lhorizon fin 2010.
Des causes en amont
Face à linertie de lindustrie chocolatière, et malgré les progrès que celle-ci revendique actuellement ainsi que certains gouvernements, la BD a décidé dagir en amont de la chaîne de production en informant les consommateurs sur ces pratiques. Sadressant aux fabricants suisses de chocolat, elle prône, entre autres, « des prix dachat qui permettent aux cultivateurs de payer un salaire décent à leurs employés » et non de quêter une main duvre toujours meilleur marché. En effet, daprès lassociation, alors que de nombreuses populations dAfrique de lOuest, dAsie et dAmérique Latine vivent de la culture du cacao, « seul un pourcentage très faible des profits de ce commerce revient aux cultivateurs ». La Fairtrade Labelling Organizations International (FLO) estime ainsi à 6 % la part reçue par les petits producteurs.
Le travail des enfants a toujours été une question sensible. Pourtant, comme le spécifie la BD, « un enfant qui travaille nest pas nécessairement exploité et il ne faut pas confondre et combattre toutes les formes de travail ». Dans de nombreuses régions du monde, léducation et lépanouissement de lenfant résident dans les tâches ouvrières que sa culture inculque depuis des années. Mais, tout particulièrement en ce qui concerne lenfant, il est essentiel que la frontière entre travail et exploitation soit respectée.
1- Lécabossage consiste à ouvrir les fruits des cacaoyers, appelés cabosses, à laide dun couteau, avant den extraire les fèves de cacao.
2- La Côte dIvoire produit près de 40% de la production mondiale de cacao, suivie du Ghana, avec environ 20% de la production. Le Nigeria, le Cameroun, lIndonésie, la Malaisie, le Brésil et lEquateur se partagent les 40% restants.
3- Organisation Internationale du Travail
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le 06 mars 2009 à 12:00
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Il serait très utile de publier une liste (correcte et fiable) des marques qui recourent à l’exploitation des peuples pauvres et des enfants pour gonfler leurs profits. Les consommateurs pourraient ainsi user intelligemment de leur pouvoir d’achat. Car nous oublions souvent qu’il s’agit d’un vrai pouvoir pouvant enrayer ces procédés inacceptables et non éthiques. Capitalisme d’entreprise à visage humain = ok mais capitalisme financier outrancier sans éthique et sans âme = NON. En achetant, nous marquons notre approbation, en boycottant nous clamons notre refus de participer à ce genre de pratiques. L’effet multiplicateur des choix individuels pourrait rapidement changer le monde. Que tout ce qui provoque un mal-être humain, animal, environnemental n’entre pas dans nos caddys.
Bonjour à tous,
En tant que consommateur, la solution, c’est d’acheter le chocolat, le café, le thé …. etc dans des boutiques de commerce équitable comme Artisans du Monde ou Oxfam. Et en plus on se régale car c’est des bons produits cultivés dans le respect de l’environnement et de la dignité humaine. On trouve aussi des produits labelisés Max Havelaar dans les supermarchés mais ce label est assez controversé. Et puis avoir un petit rayon de produits « équitables » dans un immense supermarché signifie t il que tout le reste du magasin n’est pas équitable ?
bravo pour cet article, on peut généraliser sans peine sur la france, le goût amer de ce cacao doit nous inciter à acheter équitable et bio et limiter tout simplement notre consommation de produits exotiques .




