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Léchouage du cargo turc, le Gunay 2, sur un îlot rocheux au large de Marseille dans la nuit de mardi à mercredi aura fait craindre le pire pour lécosystème marin environnant. Et, pourtant, la nature de sa marchandise ne présageait en rien lampleur de la pollution que son déversement dans la mer aurait pu entraîner. En effet, il ne sagissait non pas dhydrocarbures mais de
blé !
Bien que la réaction première consiste à regretter la perte dune source de subsistance que lon sait précieuse, ce serait une erreur de minimiser les lourdes répercussions dun tel rejet sur des milieux marins sensibles. De fait, limpact environnemental est de taille, la capacité de fermentation du blé faisant de cette denrée une bombe à retardement une fois immergée. En effet, la prolifération bactérienne qui en résulte génère, entre autres, des dégagements massifs dhydrogène sulfuré (1).
Si le danger lié au déversement de produits alimentaires (céréales, huiles, etc.) en mer était déjà connu du Cedre (2), il fut réellement pris au sérieux lors de léchouage, le 25 septembre 1996, dun navire panaméen baptisé le Fénès. Ayant quitté Port-la-Nouvelle (Aude) chargé de 2 650 tonnes de blé à destination de lAlbanie, il sest finalement échoué dans le détroit de Bonifacio. Or, en raison de son mauvais état de conservation, le navire sest disloqué, répandant sa cargaison sur les hauts fonds de la réserve naturelle des îles Lavezzi. Si le fuel de soute et les huiles du navire furent recueillis en priorité, la récupération du blé savéra plus problématique. Pour justifier la nécessité dune telle opération, il fallut dabord reconnaître au blé rejeté le statut de déchets. Ce fut chose faite lors dune concertation scientifique organisée à la Préfecture Maritime de la Mer et animée par le Cedre. Une heureuse nouvelle rapidement assombrie par loption retenue pour la destruction du blé extrait des flots. Ironie du sort pour le moins grinçante, on opta pour la solution du « moindre mal », à savoir la réimmersion au large de blé non contaminé par du gasoil. Il fut décrété que lon ne déverserait pas plus dun kg de blé par m2 de fond, hors périmètre de la réserve cela sentend.
Donnant le coup denvoi à une série de dix opérations demports et de déversements, le premier déversement fut interrompu pour raisons sanitaires. En effet, les dégagements considérables dhydrogène sulfuré ainsi que « la présence significative de méthanol et déthanol » affectèrent le personnel et le matériel et imposèrent de stopper le travail. Sept jours plus tard, les travaux recommençaient, avec masques et filtres pour le personnel de la barge et gants et protections faciales pour les plongeurs. Au final, on estima la quantité réenfouie aux environs de 2 500 tonnes, soit les trois quarts du chargement initial.
En accord avec la Préfecture Maritime et le ministère de lEnvironnement, le laboratoire denvironnement marin de lUniversité de Nice fut chargé dobserver limpact écologique sur la faune et la flore locales. A relativiser au regard des 10 000 hectares que compte la réserve naturelle, les experts constatèrent un « impact notable » sur huit hectares, dont 3,9 hectares subirent une « atteinte sévère » occasionnant, notamment, la destruction de 2 500 m² dherbiers de plantes à fleurs sous-marines. Les fonds situés au large, choisis comme sépulture du blé englouti continuent, pour leur part, de patauger dans la plus totale indifférence.
Même après plusieurs années écoulées, le bilan reste amer pour ce blé dorigine française, manquant à lAlbanie où il devait faire lobjet dune aide alimentaire, et pesant pour un écosystème quil étouffe. Dès lors, on comprend aisément le mouvement de panique qui souleva certaines organisations environnementales mercredi dernier, dont lassociation Robin des bois.
1- Lhydrogène sulfuré (ou sulfure dhydrogène) est un composé chimique constitué de soufre et dhydrogène. Cest un gaz acide.
2- Centre de documentation de recherche et dexpérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux.
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le 22 janvier 2009 à 12:00
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Madame Cécile Cassier, Merci , vraiment merci pour cet article extrêmement bien documenté et explicite. Vous avez, de plus, très judicieusement insisté sur le fait qu’à l’époque du premier déversement (connu) de blé en mer l’idée d’une pollution dangereuse n’avait effleuré personne dans un premier temps. (Ne suffisait-il pas ,très rapidement, de consulter quelques chimistes, au lieu de, comme toujours, courir derrière les évènements). Cette première catastrophe (mais oui…) sera-t-elle une leçon pour un mode opératoire plus efficace ?
A-t-on donné plus tard des nouvelles de la santé de ceux qui, au début de l’opération de renflouage, ont travaillé sans protection aucune- et même avec protection…..???!!!
Et enfin, comble de l’irresponsabilité… immerger à nouveau ce même blé qui avait déjà montré sa nocivité pour l’environnement!
A quand la fin des navires « poubelles » et des pavillons de complaisance ?
Hen gap lai! = A bientôt !(pour quelques « bonnes nouvelles ». Il faut bien espérer…)
cojosephine@hotmail.fr




