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Les activités prédatrices de lhomme moderne, comme la pêche commerciale, la chasse de loisir ou la collecte, imposent des changements évolutifs trois fois plus rapides que dans la nature.
Les traits observables des espèces, comme la taille, la morphologie ou la physiologie, en dautres termes, leur phénotype, sont constamment modelés par lenvironnement et les agents de la sélection. Mais, parmi ces agents, lhomme-prédateur, en éliminant les plus grands individus au sein des populations animales ou végétales, provoque des changements dont lampleur est sans commune mesure. Des recherches scientifiques ont montré comment il influence la taille et les capacités reproductives des espèces ciblées, modifiant les trajectoires de lévolution et réduisant dautant leur potentiel de survie.
Ce genre de révélation na rien de nouveau, les premières observations sur la réaction à la prédation humaine à grande échelle ont presque vingt ans. On savait déjà par exemple que la morue de lAtlantique se reproduit désormais beaucoup plus tôt et à une taille plus réduite. Ici, lapport dune nouvelle étude, publiée dans la célèbre revue américaine, The Proceedings of the National Academy of Sciences, est la confirmation dune généralisation de ce phénomène et limpressionnante vitesse à laquelle il se produit. Le travail de recherche, conduit par Chris Darimont de lUniversité Victoria au Canada, a concerné 29 espèces, étudiant 40 systèmes dexploitation de différents groupes vivants (poissons, ongulés, invertébrés et plantes) en les comparant avec des systèmes naturels et dautres modifiés par lhomme.
Les modifications morphologiques ou physiologiques induites par la pression de pêche ou de chasse ont un rythme 1,5 fois plus élevé que celles observées dans dautres systèmes dexploitation de la nature, en zone agricole par exemple. Chez les espèces de proies, presque tous les caractères à létude ont été modifiés, la taille par exemple est à 20 % plus réduite, et la reproduction se fait beaucoup plus tôt. Pour les animaux, se reproduire à un plus jeune âge et à une taille plus petite permet de laisser une descendance avant dêtre pris. Mais il semblerait que cette reproduction « précoce » ne soit pas aussi efficace que celle dun animal de plus grande taille. Les poissons pondraient alors beaucoup moins dufs, par exemple. A long, ou même moyen terme, vu la rapidité du changement, une réduction drastique des stocks pourrait bien se produire.
Dans le cas de la chasse au trophée, les proies sélectionnées sont toujours des adultes, les plus beaux et les plus grands individus. Ici, cest exactement linverse de ce qui se passe dans la nature, où les prédateurs, afin de diminuer les risques et lénergie investie dans la chasse, sélectionnent toujours les jeunes, les animaux malades ou trop âgés, en somme les plus faibles. Cette sélection naturelle favorise les individus robustes et maintient le patrimoine génétique pour des populations animales saines. Avec la chasse sportive, en trente ans, la taille du mouflon dAmérique sest vue réduite de 25 %, chez les mâles comme les femelles, montrant bien que la population évolue alors que des gènes sont retirés du pool par la sélection de la chasse au trophée.
Les changements phénotypiques observés chez les espèces exploitées se répercutent dans tout l’écosystème. Ainsi la prédation humaine, mais, aussi, dans son sillage, certaines mesures de protection comme les limites de taille de captures, ont des implications beaucoup plus profondes que le seul prélèvement.
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le 16 janvier 2009 à 12:00
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Gardons espoir, l’homme trouvera bientôt une autre planète à saccager.
Les extras terrestres (gibier du futur) n’ont qu’à bien se tenir.
1er point: l’Homme est par nature un OMNIVORE opportuniste; seulement occasionnellement donc un prédateur, ou un super prédateur…
2e point: la prédation exercée par l’Homme s’effectue DANS la nature; elle en est un élément constitutif. Donc on ne peux pas comparer la prédation humaine et celle dans la Nature: ça n’a aucun sens…
3e point: dans l’histoire de la vie sur Terre, chaque saut évolutif ayant fait apparaître, généralement assez rapidement (théorie dite des « équilibres ponctués ») des innovations décisives en matière d’adaptation, a généralement provoqué des impacts majeurs sur l’environnement, et notamment des disparitions d’espèces. Donc, pour moi, les transformations rapides que subit la biosphère actuellement, s’inscrivent dans un processus NORMAL et HABITUEL de la dynamique de la vie. Cessons cette culpabilisation stupide, qui résulte en fait d’une prétention démesurée. La nouveauté (pléonasme pour une innovation!), c’est que cette innovation décisive est un cerveau d’une complexité inouïe, ayant fourni en très peu de temps (1 ou 2 millions d’années) à l’Homme un extraordinaire avantage adaptatif en terme d’exploitation des ressources. Cette espèce connaît donc actuellement un boum démographique fabuleux (nous sommes toujours en plein dedans), qui est dans la logique des choses, et qui impacte évidemment de façon importante la biosphère, et provoque donc des disparitions d’espèces. Et ce n’est probablement que le tout début! C’est le contraire qui serait étonnant…
Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que ce cerveau a également fait émerger une « conscience », et une capacité cognitive permettant d’appréhender l’environnement dans sa complexité, et de se projeter dans l’avenir, pour PREVOIR et mesurer l’effet de ses actes. Cela me permet d’écrire ce texte et à vous de le lire. D’où l’apparition d’une MORALE: ce que je fais et bien ou mal selon le jugement que je porte sur les conséquence de l’acte. En effet, pour compliquer encore l’affaire, l’Homme est une espèce sociale: donc son comportement, et son jugement sont en grande partie contrôlés par des facteurs sociaux. Là est sans doute en grande partie la source de la morale, qui est en fait le sens de l’intérêt collectif (le fameux « altruisme »). Un organisme solitaire est évidemment par essence amoral!
De plus, la complexité croissante des sociétés génère elle-même des comportements globaux, propres aux sociétés, mais qui échappent au contrôle des individus.
Où je veux en venir?
Cessons de culpabiliser! Nous sommes des animaux, faisons partie de la Nature, et agissons globalement comme tous les animaux ont toujours agi… Notre expansion démographique mesure objectivement une extraordinaire « réussite » évolutive. Elle a et aura un impact sur la biosphère; c’est dans l’ordre des choses, rien n’a jamais été statique depuis les origines de l’aventure de la vie. Pour autant, nous sommes en état, dans une certaine mesure, peut-être, de choisir quelle intensité ou quelle nature notre impact aura… C’est une enjeu politique, au sens noble, de savoir dans quelle mesure… Personnellement je suis très pessimiste mais ce n’est que mon sentiment. Mais qu’on ne se trompe pas: tout continue, la sélection, l’adaptation, l’apparition de nouvelles espèces, la sélection de la population humaine par ses ressources, ses parasites, etc… Les interactions écologique sont, par définitions, toujours en action, sur l’espèce humaine comme sur les autres. Nous ne sommes pas et ne serons probablement jamais « hors nature »… La « Nature » ne dépend pas de nous, elle nous englobe. Mais nous y jouons un rôle que nous somme capables d’observer. Donc pas coupables, mais responsables. Quel défi excitant!
à Thylacine: très intéressante réflexion intellectuelle, bien que anthropocentrique dont je ne sais partager la sérénité;j’ai l’impression que nous n’observons pas la même planète.L’homme « civilisé » n’est pas « hors nature », pire il est « contre nature ». Sa puissance de destruction est disproportionnée par rapport à la dimension de la planète, on détruit,consomme et surtout gaspille sur 2 générations ce que la terre a mis des milliards d’années à créer et à équilibrer.Je ne vois là aucun processus normal et habituel. Aucun animal n’agit de cette façon, l’animal pourvoit à sa survie et à celle de ses jeunes sans plus. Le développement de notre conscience et sens éthique sont fort en retard par rapport à celui de notre intellect! Je ne vois qu’une grande immaturité humaine, bien incapable d’anticiper et de réparer ses propres dégâts. Se sentir coupable (collectivement et individuellement) c’est au moins reconnaître que notre façon d’être n’est pas bonne.
C’est votre point de vue qui est anthropocentrique! Je suis d’accord avec vous, si l’on se place de ce point de vue: je suis naturaliste, et j’ai vécu déjà assez longtemps pour voir disparaître beaucoup d’espèces, de milieux, de beauté. Ce sont, pour moi, comme pour vous, des drames affectifs. Chaque disparition d’espèce est pour moi un deuil, la perte de quelqu’un de cher… Et l’impact humain est énorme et rapide, probablement plus que cela n’a jamais été pour aucune autre espèce (mais en fait qu’en savons-nous?). Là nous sommes d’accord. Et je consacre ma vie, comme vous sans doute, à lutter contre cela (je suis aussi enseignant). Mais tout cela est mon point de vue d’Homme, donc subjectif, et forcément anthropocentrique.
Mon intervention précédente visait justement à prendre du recul et à adopter un point de vue objectif, donc dépourvu d’affectif, et aussi à changer d’échelle de temps.
La Nature n’a jamais rien « fait », c’est un concept. Elle se contrefiche de « l’état de la planète »; c’est nous humains, qui nous en préoccupons. Et ce qui se passe maintenant, c’est aussi elle qui le « fait », ou qui le « défait », selon votre vision..
La sérénité est indispensable en toute circonstances, même les pires, pour agir… Il n’y a ni bien ni mal dans la Nature, ni construction ni destruction, juste des processus en action…
Les castors construisent des barrages, les hirondelles construisent des nids en maçonnerie, les troupeaux de grands herbivores déboisent, les plantes ont changé la composition de l’atmosphère et les climats, des mutations de virus ont anéanti des populations énormes d’êtres vivants, la dérive des continents a mis en contact des faunes qui ne l’étaient pas et provoqué des extinctions en cascade, etc… La vie et la mort sont intimement liées dans ce que nous appelons « la Vie ». C’est par la disparition des « moins adaptés » que se fait la sélection, et donc l’adaptation. Nous nous inscrivons dans ce processus. Mais nous en somme conscients. Voilà la vraie différence… Je veux dire « qualitative ». Ce qui, et là encore probablement je suis d’accord avec vous, nous donne le devoir « moral » de tenter d’infléchir notre destin. Chacun à son niveau. Personnellement, je m’y emploie. Mais nous sommes bientôt 7 milliards… Or la seule action que nous pouvons avoir est individuelle; nous ne pouvons agir que sur nous même, en repensant chaque acte, et en visant l’impeccabilité personnelle. C’est déjà un très gros boulot! Nous ne pouvons rien sur les 7 milliards d’autres… Donc n’endossons pas la responsabilité collective, c’est trop lourd, et ça nous écrase. La nôtre perso, c’est déjà beaucoup. Et pour ce « gros boulot », je ne pense pas que rester serein, ET lucide, soit une mauvaise chose…
Des centaines d’espèces disparaissent à jamais. Les magnifiques capacités d’adaptation dont ont toujours fait preuve les espèces animales et végétales ne suffisent plus pour contrer LE prédateur-exploiteur que nous sommes devenus. Le pire c’est qu’on connaît l’effet dévastateur de notre façon de « vivre » mais que rien ne nous arrête, taïaut nous continuons! Et pourtant, nous sommes de + en + nombreux à nous sentir très mal dans notre peau humaine, preuve que notre façon de « vivre » n’est pas juste. J’ai souvent honte d’appartenir à la race humaine, Je pense qu’aucune espèce n’est supérieure aux autres, que l’intelligence donne des devoirs, non des droits, que tout est interdépendant. Nous devrions nous interroger sur ce qui pousse notre espèce humaine à tant d’agressivité, de violence, d’avidité de posséder et de folle inconsience. Une grande pulsion suicidaire collective? L’effet boomerang va sans doute tôt ou tard s’enclencher.




