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Au début du 20e siècle, le gypaète barbu, majestueux vautour, avait complètement disparu des massifs alpins. Lancé en 1978, un projet international de réintroduction vu le jour et les premiers lâchers de jeunes élevés en captivité démarraient en 1986. Jusquen 2005, au total, 137 individus avaient été réintroduits et on observait des reproductions dès 1997. Actuellement, dans les Alpes, près dune dizaine de couples nicheurs sont établis.
Cette réintroduction fut donc couronnée de succès mais jusquà ce jour aucune étude navait permis dévaluer précisément la dynamique des populations et de statuer, données scientifiques à lappui, sur la poursuite ou larrêt des réintroductions. Il était établi de façon empirique et daprès un simple modèle linéaire que, pour assurer le maintien des populations, les lâchers devaient se poursuivre tant que le nombre de jeunes naissant dans la nature navait pas atteint le nombre dindividus réintroduits chaque année, soit 6 par an en moyenne. Or, daprès une équipe de scientifiques, qui vient de réaliser une étude publiée dans le Journal of Applied Ecology, les décisions prises par les gestionnaires pouvaient manquer dobjectivé, se focalisant sur les réintroductions et perdant parfois de vue le principal objectif qui reste létablissement dune population viable et autonome dans la nature. Ainsi les chercheurs ont-ils réévalué les données démographiques en y intégrant plus de critères, comme les taux de mortalité par exemple, et ont tiré quelques conclusions utiles aux programmes de gestion. Car, si les réintroductions savèrent parfois nécessaires pour rétablir une population éteinte, il nest tout de même pas insensé de vouloir les considérer sur des bases scientifiques, vu les moyens financiers alloués à ces opérations.
Dans le cas du gypaète barbu en loccurrence, chaque jeune réintroduit aura couté 70 000 euros jusquau moment de son lâcher, ce qui élèverait lensemble du programme à une estimation de plus de 9 millions deuros. En imaginant que lenveloppe des financements publics et privés nest peut-être pas extensible à outrance, on espère toujours que les moyens de la conservation sont distribués là où ils sont nécessaires et cohérents.

Le gypaète barbu, dune envergure pouvant atteindre 2,9 mètres est un rapace nécrophage qui se trouve en bout de chaine alimentaire. Dernier recycleur, il se nourri essentiellement dossements, quil emporte parfois en vol pour les briser contre les rochers. Son habitat se trouve dans les massifs montagneux, là où vivent dabondantes populations de bouquetins et de chamois.
Ici, les recherches ont montré que les populations des Alpes sont viables depuis 2006, date à laquelle les lâchers ont été suspendus, les naissances dépassant une mortalité qui sélève à 4 individus par an. Michael Schaub qui dirigea létude, recommande donc « dun point de vue purement démographique, darrêter les lâchers et de réorienter les programmes sur dautres secteurs où lespèce est actuellement éteinte ». Dans les Alpes, les réintroductions futures peuvent rester une option, notamment si un nouveau déclin est observé. Car, si la population est aujourdhui capable de se maintenir seule, la marge reste néanmoins faible. Les gypaètes, bien quintégralement protégés, continuent de courir des risques. Des cas dempoissonnement sont possibles par les appâts toxiques déposés clandestinement pour lutter contre le loup, des cas de tirs sont également recensés, ou encore, daprès lInstitut ornithologique suisse, cet oiseau denvergure pourrait être menacé par les projets de parcs éoliens sur les cols alpins. Daprès les données, il suffirait de deux morts de plus par an pour que samorce la régression. Les observateurs vont devoir rester très vigilants.
Elisabeth Leciak
Photo © Raphael Arlettaz
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Photo © Raphael Arlettaz




