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Ah ! les lessives sans phosphate
on se souvient des produits ménagers pionniers dans la lutte contre la pollution et de leur cocasse campagne publicitaire dont Coluche aurait bien pu se repaître. Mais alors que dans les années quatre-vingt on entendit beaucoup parler de leutrophisation, de la pollution des eaux par le phosphore, où en est-on aujourdhui ?
Ce mois-ci, le service de lobservation et des statistiques (SOeS) du ministère de lécologie, publie un point sur le phosphore dans les sols, sous-titré « nécessité agronomique, préoccupation environnementale », en dautres termes, un mal nécessaire (?). Car les apports en phosphore dans les sols français et, par voie de ruissellement, dans les eaux, ne viennent pas seulement des activités domestiques, et loin de là. Les effluents urbains ne représentent que 5 % des apports totaux. La majorité des apports se trouve sous forme dengrais minéraux de lagriculture.
Dans les conditions naturelles, le phosphore qui, avec lazote et le potassium, est un des trois nutriments indispensables aux plantes, est issu de la décomposition des végétaux morts. Mais en milieu agricole, toute la biomasse végétale étant récoltée, le phosphore des organismes ne retourne pas au sol et des apports en fertilisants sont nécessaires. En 2001, près de 775 000 tonnes de phosphore étaient apportées aux sols français, par les engrais, les déjections animales (pour 40 %) et les effluents domestiques et industriels (8 %). Selon une estimation relayée par lIFEN, 9 % de ce phosphore serait rejeté dans les eaux chaque année en moyenne. Il en résulte, pour la pollution phosphatée des cours deau, que 6 % des quelque 2 000 points de mesures des Agences de lEau, sont de qualité mauvaise à médiocre.
Les teneurs en phosphore toujours en augmentation
Les chiffres de lUnion des industries de la fertilisation (Unifa) révèlent une baisse généralisée de lutilisation des engrais phosphatés sur les 35 dernières années. Là encore, une tendance moyenne, puisque dans le détail de la chronologie, les livraisons dengrais ont connu des hausses entre 1978 et 1980 et entre 1988 et 1990, suivant le prix des céréales qui stimula la course au rendement sur ces périodes. Lévolution des quantités dengrais utilisées est également très contrastée selon les régions. Par exemple, les régions délevage extensif, comme le Limousin ou lAuvergne, ont des besoins moindres en engrais et ont toujours eu des apports inférieurs à la moyenne nationale. Dautres régions, céréalières, lIle-de-France ou la Champagne-Ardenne, ont connu des baisses mais restent encore supérieures à la moyenne nationale. En Bretagne, depuis 1972, les livraisons dengrais phosphatés de synthèse ont diminué de plus de 75 %. Mais cette baisse sexplique seulement par une augmentation de lusage des effluents délevage pour lenrichissement des sols agricoles. Ainsi, si les industriels observent une diminution des livraisons dengrais, le SOeS note quil « ny a pas de diminution concomitante dans les sols ». Dans 43 % des cantons étudiés par lobservatoire, la teneur en phosphore des sols continue daugmenter. Les régions concernées sont la Bretagne, les Pays-de-Loire, la Champagne-Ardenne et lAquitaine. Alors bien joli le discours sur « lagriculture raisonnée » ou « lamélioration des pratiques agricoles » car les conclusions de Véronique Antoni du service de lobservation et des statistiques sont assez édifiantes. Lauteur nous explique tout simplement que les teneurs en phosphore « peuvent être interprétées en tenant compte des caractéristiques des sols et de lexigence des plantes ». Ainsi en Bretagne, dans le Nord-Pas-de-Calais, ou en Alsace, « la plupart des sols sembleraient disposer des teneurs en phosphore suffisantes » quelle que soit lexigence des plantes. Les apports, notamment issus de lélevage intensif dans le cas de la Bretagne, seraient donc complètement surdimensionnés. Seuls moyens pour réduire la pollution des sols et des milieux aquatiques, le bilan du phosphore dans les sols et une fertilisation ajustée au strict besoin des plantes sont donc toujours au programme. Et nous sommes en 2009
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La problématique du phosphore a besoin d’éclaircissements.
L’abandon du phosphore dans les lessives et le développement de l’épuration (extraction) du phosphore dans les eaux usées permet bien actuellement une nette régression du phosphore dans les rivières et les fleuves.
A titre d’exemple, la concentration moyenne dans la Vilaine aval, principal fleuve côtier breton, a diminué de quatre fois depuis une vingtaine d’années d’après le suivi de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, et de deux fois sur la période 2000-2008. La baisse continue encore.
S’il est vrai que les rejets de phosphore agricoles sont de très loin les plus importants, ils se font sur le sol et dans le sol, pas dans l’eau. Le sol les stocke « énergiquement ». L’érosion dénudante de surface en apporte au milieu aquatique mais les études de l’Inra de Thonon montrent que ces apports ne doivent pas être confondus avec la reprise, en crue, du phosphore venu des rejets directs domestiques et industriels, lequel a sédimenté. Le phosphore agricole d’érosion s’avère d’un ordre second par rapport aux phosphore des rejets domestiques dans l’eau. Quant aux rejets et entraînements des fermes d’élevage, importants surtout en élevage bovin, ils ont diminué avec la « mise aux normes », laquelle n’a pas eu d’incidence sur les nitrates (liés à la fertilisation).
La focalisation sur le phosphore d’érosion est exagérée. Elle fait sans doute partie des lieux-communs non vérifiés, à l’image par exemple du pseudo-rôle favorable de nos forêts sur les débits d’étiages, ou du pseudo-intérêt des talus pour diminuer les risques de grandes crues…
Plutôt que d’entendre des principes et de lire des bilans & indicateurs généraux, établis parfois sans souci du devenir réel du phosphore dans l’environnement (l’écologie est une science !), on aimerait avoir un bilan actuel réel des teneurs et des quantités de phosphore dans les rivières et fleuves en Français. L’objectif de diminuer de moitié les apports de phosphates au milieu marin (OSPAR) est sans doute atteint, et ce sera(it) une bonne nouvelle… tandis que les nitrates n’ont pas réellement diminué.




